Signalé par un lecteur, ce billet d'humeur (mauvaise) qui fait suite à notre article sur l'apparition des Vooks, chez Simon & Schuster. Contraction simple de Vidéo et Books, ces nouveaux ouvrages « ouvrent la porte au grand n'importe quoi comme le souligne eReads, dont vous devriez vous inspirer des réflexions plus que censées ».
Vooks, c'est un truc pour faire cuire ?
Eh bien allons voir ce que Richard Curtis, qui tient ce blog explique. En quelques mots, il revient sur un papier publié voilà une dizaine d'années, qui se voulait parodique : Comment voulez-vous vous qualifier d'auteur si nous ne pouvez pas transférer des flux vidéo sur votre ordinateur, accélérer la compression d'images et améliorer cette vidéo avec un bon son, demandait-il en substance ?
Eh bien selon lui, le jour où la notion d'auteur devait être profondément révolue est arrivé. Et ce n'est pas forcément un jour de gloire. Mais ce que notre lecteur vindicatif a pris pour un manifeste anti-technologie semble plutôt un manifeste pour l'imagination. Il établit en effet une distinction entre la lecture et le visionnage, et bien que les éditeurs cherchent un mode hybride entre les deux. Car avec le Vooks, on ne lit pas, on regarde un livre. Et finalement, on en perd tout ce qui fait d'un récit imprimé ou numérisé la richesse de l'imaginaire.
Or, Richard Curtis estime que le vrai drame de cette aventure, c'est la rupture des charmes de la lecture : quand on est pris dans un texte, vraiment emporté, on en retiendrait presque sa respiration pour ne pas briser ce moment palpitant. Ici, le recours aux vidéos rend l'activité caduque : on se coupe du récit lu pour passer en mode réception d'images. « Les Vooks sont sympas, mais ils ne communiquent pas d'idées, ni ne nous transportent dans des mondes magiques, ou nous plongent dans un émerveillement. Regardez un vook, jouez avec, interagissez. Lorsque vous aurez fini, éteignez votre ordinateur et installez-vous avec un bon livre. »
Savoir se projeter plus loin que le bout de son écran
Des conseils avisés et sages. Mais qui pointent une réelle faiblesse. Aucun doute sur le pouvoir de l'imaginaire : la vidéo impose des images que nous ne nous représenterons donc plus. Mais elle pourrait induire de nouvelles relations et d'autres rapprochements que l'on n'aurait pas effectués avec des mots. Un point discutable, certes.
Ce qui choque, c'est l'incapacité de cet article à lire plus loin que le bout de l'actuelle technologie. Traitez-moi de naïf ou d'optimiste, mais aujourd'hui, le vook est - n'est qu'une expérience. Une expérimentation limitée par les moyens techniques actuels. Et si demain, ma tablette de lecture parvient à me plonger dans des heures de textes, tout en m'offrant de glisser sans peine vers une séquence vidéo, avec une continuité idéale ?
Alors la seule chose qui sera à retenir de ce billet, c'est qu'en effet, la notion d'auteur aura ajouté une acception à son paquet...