Guillaume Musso écrit peut-être des romans, mais c'est dans le genre de la dictée scolaire qu'il excelle manifestement, en ayant accepté de mettre son art au service d'une noble cause. L'Association Européenne contre les Leucodystrophies (ELA) disposait en effet d'un parrain romancier pour cette année, qui a rédigé une dictée lue dans 2500 établissements français.
C'est à l'école élémentaire Ampère du XVIIe arrondissement que l'auteur aura lui-même récité le texte suivant :
« Le dictionnaire
Comme je n'ai jamais été très fort en orthographe, il m'a fallu cinq bonnes minutes pour trouver le mot “incurable” dans le dictionnaire. À voir les yeux fatigués de mes parents, je me doutais que j'allais lire une mauvaise nouvelle. “Incurable : qu'on ne peut soigner. Synonyme : inguérissable.”
Quel rabat-joie ce dictionnaire ! Même pas une lueur d'espoir ou un mot réconfortant. De colère, j'ai décidé de le jeter et d'en écrire un nouveau, sans maladie et sans pleurs, qui commencerait par “à vos marques” (parce que j'adore le sport) et finirait par “zoo” (parce que j'adore les animaux).
“Si cette maladie est aussi méchante, m'a affirmé le docteur, c'est parce que c'est une maladie orpheline.” Voilà une drôle d'explication : avoir perdu ses parents, est-ce une raison pour se venger sur les enfants des autres ? Je ne lui ai rien fait, moi, à cette maladie au nom compliqué.
Pourtant, si j'écoute les gens autour de moi, elle finira par me rattraper. Pas si sûr. La course, croyez-moi, je connais. Il faut me voir dans le stade : dès que j'ai ma vieille paire de baskets aux pieds, rien ne peut m'arrêter. Alors, je vais courir, courir si vite que la mort ne me rattrapera jamais.
Courir avec mes semelles de vent pour disperser aux quatre coins du monde les pages de mon dictionnaire. Et si je dois m'arrêter un jour, je sais que viendront d'autres enfants pour prendre le relais, d'autres courses, d'autres espoirs. Et quand nous serons des milliers, quand nous serons une armée, nous piétinerons la maladie. Avec pour arme notre volonté. Et une bonne paire de baskets. »
Les leucodystrophies appartiennent aux maladies génétiques orphelines et rares qui touchent les fonctions vitales en les paralysant peu à peu. Présent également à l'école élémentaire, Luc Chatel qui s'est plié de bonne grâce au jeu de la dictée - on attend le résultat avec impatience - que Florent Pagny, parrain d'ELA a dicté pour tous.