Au conseil municipal, hier, deux délibérations ont officialisé notre action dans une bien sombre affaire, qui oppose la Ville à des marchands de biens sans scrupule.
A Louviers, au bout de l'impasse des Prés( voir photo Google Earth), s'étend un grand herbage, en bordure de l'Eure, herbage naguère utilisé comme piste d'entraînement de chevaux de course. A tout prix, ce terrain doit rester une zone naturelle. En cas d'inondation, il doit servir de zone d'expansion de la crue, sans la moindre construction, barrière, ou tout autre obstacle à l'écoulement des eaux.
Cette zone est donc, en principe, protégée par le PPRI ( plan de prévention des risques d'inondation), édicté par la préfecture et approuvé par la municipalité. Ajoutons que la promenade y est superbe et que la rive de l'Eure est fréquentée par les marcheurs : elle débouche sur la voie verte aménagée par la CASE.
Or, dans l'espoir d'une juteuse affaire, des marchands de biens ont acheté cette parcelle, au prix du terrain agricole. Ils l'ont divisée en lots et mise en vente.
Rien d'illégal... mais... ces promoteurs ont cherché à vendre ces lots à des acheteurs qui consentent à mettre sur la table trois fois le prix normal ! Et ces acheteurs bien particuliers, ils savent où les trouver : une douzaine de familles de gens du voyage, prêtes à mettre le prix pour ces lots, afin d'y installer leurs caravanes.
Rien d'illégal, mais nous sommes à la limite du dol, de la tromperie sur la marchandise : on fait croire à ces familles, qui cherchent, de bonne foi, un terrain pour mener une vie plus sédentaire, que l'installation de leur caravane y sera autorisée, alors que les pouvoirs publics ne sauraient le tolérer. On vend donc un bien à un prix supérieur à sa valeur, en faisant miroiter un usage de ce bien qu'il ne peut pas permettre.
Il y a deux ans, déjà, des compromis de vente de ces lots ont été signés. Après de dures négociations, j'ai obtenu que les sommes versées soient restituées et les ventes abandonnées.
Pour protéger cette zone naturelle, j'ai proposé que la Ville achète ce terrain : les promoteurs de l'opération nous ont alors réclamés d'acheter la parcelle au prix accepté par les gens du voyage : trois fois plus cher qu'ils ne l'ont payée... plus de 150 000 euros !
Devant notre refus d'être les dindons de la farce, ils ont à nouveau mis en vente ces terrains auprès des gens du voyage. Juridiquement, rien ne s'y oppose... sauf notre détermination, traduite par les délibérations adoptées, à l'unanimité, par le conseil municipal.
S'agissant d'herbages, la SAFER, qui a un droit de préemption sur les terres propose d' acquérir ces terrains, pour les rétrocéder à la Ville. Si la SAFER ne peut conclure, le conseil municipal, au nom de la protection de l'environnement et de la prévention des risques d'inondations portera ce dossier devant le juge des expropriations, pour exproprier les marchands de biens au prix qu'il jugera normal.Par ailleurs, la Ville s'engage à favoriser la légitime démarche de sédentarisation des nomades. Là où il est possible de le faire.