Documentaire sur Philippe Petit, funambule français obsédé par l’idée de poser des câbles entre des bâtiments inaccessibles et d’y marcher, à plusieurs mètres de hauteur… Obsession qui trouve son avènement lorsqu’il apprend la construction des Twin Towers à Manhattan et qu’il se lance le défi de marcher du sommet de l’une au sommet de l’autre.
Oscar 2009 du meilleur documentaire, ce film est à vrai dire assez fascinant. L’ampleur de l’entreprise, la force de la volonté de Philippe Petit et son habileté à tourner la chance de son côté, à rencontrer les bonnes personnes, sont vraiment très vivement rendues.
Philippe Petit frôle parfois le ridicule, avec son anglais assez comique, son enthousiasme un peu lunaire, et agace même parfois, dans sa totale déconnexion de la réalité ; et pourtant, un certain respect se forme lorsqu’on le voit, marchant dans les airs, dans un endroit qui n’appartient qu’à lui, gagnant une liberté qu’on lui envie, d’un coup, très fort.
Le film est construit de manière à être plutôt haletant, entrecoupé de témoignages divers et d’images d’archives, et a l’élégance de ne pas exploiter le filon des deux tours aujourd’hui disparues. On est seulement autour de ce personnage et de son groupe d’amis, on les voit passer de la confiance absolue au découragement, et on voit l’étincelle dans leurs yeux, voire, parfois, l’émotion incontrôlable qui les submerge en évoquant ces moments incroyablement forts. C’est là que le film trouve une profondeur assez inattendue, dans ces témoignages récents de ces personnes, presque « traumatisées» d’avoir vécu quelque chose d’aussi incroyable, comme si leur vie avait basculé depuis, sans qu’ils puissent savoir vraiment pourquoi.