Pour compléter ma chronique de “The Good Earth”, j’ai déterré un vieux texte que j’avais écrit il y a deux ans sur Indiepoprock.net, à propos du premier album des Feelies, “Crazy Rhythms”. Il est tard, je suis fatigué, la journée a été dure, je vous le livre le papier en tant que tel.
On a longtemps été obsédé par le morceau Loveless Love de The Feelies, quatuor d’Hoboken au look de nerds, dont premier album, “Crazy Rhythms”, est sorti en 1980. Dans ce titre quasi parfait, on entend un duo de guitares évoquant les meilleures heures de Television, ainsi qu’une rythmique urgente et omniprésente. Un genre qui nous emporte dans une ambiance évoquant un pan entier du rock indépendant (Yo La Tengo, Galaxy 500, Pixies).
Vingt-huit ans après sa sortie, “Crazy Rhythms” n’a pris aucune ride et chaque écoute s’accompagne toujours d’une claque gigantesque. Le caractère inusable de The Feelies peut s’expliquer par plusieurs effets de style qui ont su faire mouche : la voix détachée de Glenn Mercer évoquant une sorte de mélange entre Lou Reed, Jonathan Richman et David Byrne, deux guitares électriques, option ligne claire, se battant en duel, et une énorme rythmique enrichie de multiple percussions (congas, maracas, …). The Boy With The Perpetual Nervousness, placé en ouverture du disque, en est l’exemple le plus probant, et se révèle être la première pépite de cet album qui en compte encore beaucoup d’autres.
Outre le “Verlainien” Loveless Love, Crazy Rhythms est l’autre morceau de bravoure de ce disque. Construit sur deux accords évoquant le Velvet Underground, ce titre laisse vite place à un gigantesque break constitué de rythmiques répétitives et hypnotiques, avant que des guitares élastiques ne viennent reprendre le dessus. Un peu plus punk, l’euphorisant Fa Cé-La se révèle un morceau plein d’énergie à revendre, dont il est bien difficile de résister. Enfin le disque est constitué de deux reprises Everybody’s Got Something To Hide (Except Me And My Monkey) des Beatles, et le gigantesque Paint It Black dont la puissance de l’interprétation, teintée d’accents Morriconiens discrets, réussit parfois à dépasser la noirceur de celle des Stones.
C’est sur les quelques notes réverbérées de cette dernière cover que vient se clore le premier album de The Feelies, nous laissant sur le derrière, à bout de souffle. Le groupe continuera sa carrière exemplaire sur quelques albums, avant de se séparer, mais ils ne retrouveront jamais la puissance de ce “Crazy Rhythms”. Aux dernières nouvelles, ce chef d’œuvre n’a toujours pas été réédité … (ndlr : en fait si, mais ce n’était pas le cas quand j’ai écrit la chronique)
Article publié sur le site Indiepoprock.net
Par Mathieu
Posted in Chroniques musicales