Il est temps que je finisse mes billets sur le Printemps de Septembre, dont la fin s’approche (18 octobre) et j’ai bien d’autres expositions à commenter. Alors, aujourd’hui, un parcours rapide dans les lieux dont je n’ai pas encore parlé.
Au sous-sol de la même galerie, Nicolas Moulin montre un film de 2007, Warmdewar, où un homme, le dernier homme peut-être, erre, un masque prophylactique sur le visage, dans un paysage nordique battu par le vent et explore une pyramide, une tour de Babel abandonnée. L’échelle est incertaine, et le désespoir est partout. L’édifice fut, parait-il, un hôtel nord-coréen : tout concourt ici à évoquer l’apocalypse, peut-être celle que le réchauffement climatique engendrerait. La librairie Ombres Blanches présente une petite sélection de carnets d’artistes dans une salle reculée, mais c’est un plaisir de voir le détournement recréation de Yann Sérandour, l’alphabet crypté de Frédéric Bruly Bouabré, et les méandres polychromes de Julije Knifer comme un all-over envahissant.
Eric Baudart à l’Espace Croix-Baragnon montre des formes ambigües, indécises, tant sur les murs avec ces photos de précipitation de colles spéciales dans l’eau où elles se solidifient et composent des formes animales tentaculaires, qu’à l’étage, où, toujours fasciné par l’informe, il montre un film de méduses flottantes, elles aussi entre solide et liquide, entre ombre et lumière, entre réel et fantasmagorie. Et, pour passer de l’un à l’autre, l’escalier, lui aussi, est devenu une forme incertaine, instable, faussement molle, un autre facteur d’incertitude, de doute sur nos perceptions.
C’est un vestige d’une précédente exposition, mais à l’entrée de l’immeuble menant à cette galerie, un mur est couvert de carrelages dépeignant deux brosses à dents faisant l’amour dans toutes les positions imaginables (et d’autres encore); c’est l’oeuvre d’un mystérieux Michel Imbert. Enfin, un petit tour chez les classiques. A la Fondation Bemberg, on peut négliger la sculpture contemporaine assez banale présentée dans la cour et aller plutôt dans les salles d’exposition, où on découvre avec bonheur un portrait d’Alphonse d’Este par le Titien et une salle entière de Bonnard, dont ce magnifique Autoportrait deux ans avant sa mort, décharné comme un moine zen devant son miroir. Et aux Augustins, j’ai admiré ce Neptune menaçant les vents de Pietro della Vecchia (1650), vieil homme courroucé brandissant son trident, le corps tordu, le front en bataille, vieillesse et colère en tempête.Photos 1 et 2 courtoisie de la Galerie Duplex; photos 3, 5 et 6 de l’auteur. Pierre Bonnard étant représenté par l’ADAGP, la reproduction de son tableau sera ôtée du site au bout d’un mois.