En mars 1917, Yitskhok Mtiszów le lithuanien soulèvait sa section. Il est à Moscou le 8 mars à gueuler. Pensez ! Le kilogramme de pain, presque 40 kopecks... C’est là qu’il rencontre Aza, native de Tiraspol en Bessarabie, une comédienne du MHAT. Coup de foudre, coups de feux. 1922, Aza donne naissance à des triplés. Yitskhok est dans les bureaux du Zags, l’état civil russe. On se gratte la tête derrière un bureau. Il y a un problème. C'est à sa petite barbiche que le petit fonctionnaire s'attaque. Yitskhok comprend qu’il y a plusieurs problèmes.
Le premier.
Vous ne pouvez pas donner un prénom masculin à votre fille ! Ils se sont pourtant concertés des heures durant avec Aza. Ils sont d’accord : pour être traitée sur un pied d’égalité, leur fille doit porter un nom traditionnellement considéré comme masculin. Le petit fonctionnaire croise ses mains sur la pile de documents qui recouvre son bureau. Il rejette l’air à travers ses narines, lentement, mettant en oeuvre inconsciemment la méthode la plus appropriée pour les accouchements difficiles.
Le deuxième.
Vos fils ne peuvent porter le même nom, ce nom qui accessoirement est aussi celui que vous destinez à votre fille. Yitskhok a eu cette idée : tous leurs enfants porteront un seul prénom. Aza a trouvé cette idée merveilleuse : le communisme en marche ! Mais le fonctionnaire veille. Yitskhok est bouleversé, un bureaucrate se dresse face à lui, un soldat de la Révolution !
Le troisième.
Yitskhok est têtu. Cela se passe mal. Le Guépéou invite le jeune couple à séjouner dans les îles Solovki. La portée de chatons est recueillie par Anton Makarenko. A la colonie Gorki, on s’occupe de Miloslava, de Miloslav et de Mstislav qui grandissent tant bien que mal. En 1932, l’un des deux frères meurt. On sait que le frère ou la soeur ont eux-mêmes eu des descendants dont certains vivraient en France. On ne s’explique pas certaines singularités dans l’orthographe des prénoms de la génération suivante.
Voilà comment il a été scientifiquement prouvé que ce blog s’appelle mtislav et pourquoi.
photo : troupe du théâtre MHAT en 1921
(Texte commandé par l'équipe deTes Reins et Terroirs , à facturer)