Depuis désormais plusieurs mois on entend parler dans les médias d'une crise du lait, Marianne titrait par exemple le 28 mai: "Crise du lait: 60000 emplois en jeu… et zéro responsable", la plupart des quotidiens et média d'information ont d'ailleurs relayé l'information avec chacun un point de vue différent sur la question, certains mettant en avant les conséquences sur la société et sur l'emploi (comme Marianne: http://www.marianne2.fr/Crise-du-lait-60000-emplois-en-jeu-et-zero-responsable_a179969.html) d'autres mettant en exergue les avancées politiques et les diverses propositions faites par le gouvernement et les pays de l'Union Européenne (ex: le figaro le 7 septembre: http://www.lefigaro.fr/economie/2009/09/07/04001-20090907ARTFIG00579-crise-du-lait-l-offensive-de-paris-et-berlin-divise-l-europe-.php).
Mais tout d'abord pourquoi parle-t-on de la crise du lait?
Faisons un bref historique de l'évolution des prix laitiers ces dernières années:
Le lait qui était proche de 30 euros la tonne en 2006, a progressé rapidement à la fin de l'année 2007 pour monter jusqu'à 42 euros. A ce moment là l'actualité faisait la part belle à l'augmentation du prix des matières premières et la hausse des prix dans les rayons de nos supermarchés. Cependant la conjoncture a peu à peu changé, et si on parlait autrefois "d'euphorie" aujourd'hui on peut considérer que le cours du lait est en pleine déprime.
Plusieurs explications d'ordre macroéconomique justifient les variations des cours, ainsi de 2001 à 2006 le prix du lait au producteur a diminué de 13.7% (cette baisse est due à une réforme de la PAC, qui en diminuant les aides aux agriculteurs a rapproché les cours européens des cours mondiaux). Cette politique a condamné les exploitations les plus fragiles (environ 5000 exploitations en France) ce qui a de fait diminué la production européenne dans son ensemble.
Dans un même temps, la demande mondiale a fortement progressé, due à la montée en puissance des pays émergents. Cela associé a des aléas climatiques en Australie et une demande croissante dans les agrocarburants (qui a fait monter le cours du maïs, blé et de toutes les productions arables) est à l'origine des grandes variations dans les prix.
Un autre phénomène vient de la spéculation sur les cours des matières premières qui a tendance à amplifier les mouvements à la baisse et à la hausse. (on peut désormais acheter des produits dérivés qui permettent de "jouer" sur la hausse ou la baisse du pétrole, blé, or, lait, ou de n'importe quelle denrée). Cela accroit les variations de cours et en général va désorganiser l'exploitation de la ressource en elle-même. (les consommateurs voient les étiquettes valser et les producteurs ne peuvent pas prévoir quelles seront les rentrées futures)
A l'inverse la crise financière a poussé les fonds de pension et l'ensemble des donneurs d'ordres de la planète financière à solder leurs actifs afin de s'approvisionner en liquidités. Cela cumulé à la baisse de la demande mondiale (stagnation dans les pays émergents et diminution dans les pays riches) a entrainé une baisse des prix dans les matières premières (le prix du baril de pétrole est passé d'un pic de 144 dollars à 33 dollars le baril au prix le plus bas). Le lait n'a pas échappé à ce phénomène en perdant 30% de sa valeur.
Alors face à ça, que faire?
Plusieurs idées pourraient être mises en place, tout d'abord lisser les variations des cours, en favorisant les accords entre producteurs et distributeurs. Avec une renégociation des cours seulement une fois par an les producteurs auraient déjà une meilleure visibilité sur l'année. Lors de période de prix élevés, une cotisation dans un fonds commun de la production laitière pourrait être imaginée, lorsque les prix sont au plus bas, le fonds pourrait se charger de racheter le prix du lait à un prix ferme. L'idéal étant alors de trouver un prix "juste" entre les producteurs et les distributeurs.