Ils sont deux. Laissent planer le doute sur leur
sexualité. Font du spleen briton un art consommé de vivre. Se permettent même de reprendre les Cure pour finir leur premier album (Lovesong). Et ils font le buzz en ces temps de rentrée, assez
monstrueux par ailleurs, couverts de louanges un peu partout. Eux, ce sont les Big Pink. Du gros rose, pas très viril tout ça, ni vraiment convenu, vu le coté un peu maniaco dépressif de leur
musique, qui n’incite pas forcément à quitter le lit, par un dimanche matin poisseux, sous un ciel de plomb et un crachin gelé. Londres, Manchester, l’Angleterre, quoi. On trouve aussi une touche
très « shoegazing » dans ce premier disque, certains titres sont joués très serrés avec le regard scotché sur les baskets et plusieurs pintes de brune sous le coude (« Too young to
love » ou encore « She’s no sense »). Pour réchauffer l’atmosphère, encore heureux, un petit bijou de pop qui passerait bien dans n’importe quel stade conquis et transi
(« Dominos ») et un hymne déjà repris en cœur et fédérateur, et pourtant bien plus tordu et vénéneux qu’il ne semble de prime abord (« Velvet »). Que les Big Pink, qui n’ont
finalement rien inventés et s’inscrivent dans la mouvance de ceux qui remontent le temps, aux premières années des eighties, profitent bien de leur succès foudroyant. Ils ont accouché là de la
poule aux œufs d’or, mais avec le temps, le métal risque de perdre de sa splendeur, et se révéler factice. Un rose criard pour voir la vie en noir. Un album de saison, album pour l’automne.
(6,5/10)