Le sang des anges
Résumé : Ward Hopkins, ex-agent de la CIA, tout comme Nina Baynam, en congé du FBI, ne se berçait pas d'illusions : toute victoire contre les Hommes de Paille, organisation criminelle aux ramifications planétaires, ne pouvait être que provisoire. Les faits ne tardent pas à leur donner raison : des cadavres mutilés sont retrouvés en Virginie, d'inquiétantes menaces circulent sur Internet. Impossible de ne pas les relier à la sinistre organisation. D'autant que le frère de Ward, qui en est le cerveau, s'est évadé de la prison où il purgeait une peine à vie. La disparition soudaine de Nina balaie les derniers doutes : les Hommes de Paille ont repris les armes...
Extrait : Ils sont venus le chercher pendant son travail. Ils sont venus par un bel après-midi, très chaud, quand les affaires allaient bon train et que Jim se donnait encore une heure, maximum, avant de fermer boutique pour commencer la soirée tôt. Le quai était inondé de touristes, de toutes formes et de toutes tailles, voguant tel un banc de poissons bariolés sans destination précise. En mangeant. En mastiquant. En dévorant tout ce que les cafés et les marchands ambulants de Key West avaient à offrir, des hamburgers et burritos jusqu'aux crèmes glacées, sans oublier les churros nappés de sucre et brûlants d'huile de friture. Ceux qui avaient encore une main de libre n'omettaient pas de boire, sirotant cafés frappés, thés glacés, ou des sodas si volumineux qu'on aurait pu y plonger des bébés nageurs. Il était à peine 15 heures. La nourriture engloutie ne pouvait tenir lieu de déjeuner tardif ni de dîner précoce. Jim se doutait que tous ces gens s'étaient restaurés à la mi-journée et qu'ils se poseraient à nouveau sur le coup de 19 heures, pour passer aux linguinis, à l'espadon grillé et aux burgers plus sophistiqués, descendus à grandes lampées de chardonnay glacé. Dans l'intervalle, elles broutaient, ces sauterelles géantes et affables, ces heureuses vaches dans un immense pâturage bon marché. Leur dévotion laissait rêveur. Avec un peu d'imagination, on pouvait voir dans ces corps de simples véhicules pour systèmes digestifs en goguette, surmontés de dents faucheuses. A se demander ce qu'il adviendrait si le stock de bouffe venait à s'épuiser ; à se demander si, passée la surprise, les têtes hébergeant ces gueules voraces n'allaient pas se mettre à scruter les gens alentour, à y voir leur nouveau gibier. C'est une question que Jim se posait sans arrêt, malgré lui. Il était appuyé au garde-fou, du côté nord de Mallory Square, une large promenade en terrasse qui reliait à la mer les hôtels et restaurants de cettepartie de l'île. Les paquebots y mouillaient la nuit, ces monstres multiniveaux qui tuaient l'hôtellerie et déversaient leurs troupeaux de ruminants à carte bancaires. Dans le dos de Jim se levait, depuis les eaux peu profondes, une brise faible mais bienvenue. Il tenait un appareil photo dans sa main droite. Le sac à son épaule renfermait des pellicules Polaroid et une boîte cartonnée contenant les pochettes de présentation qu'il avait fait réaliser.
L'avis de Dazboness : Troisième volet des aventures de Ward Hopkins, Nina Baynam et John Zandt face à l'Homme Debout et les Hommes de Paille.
Une fois encore, Michael Marshall nous mène par le bout du nez avec ce roman. Car à mesure que l'on découvre les pages, on ne peut s'empêcher de vouloir lire la suivante, de savoir ce qui se passe, de savoir qui va gagner : les "bons" ou les "mauvais"... ou les "moins mauvais" ?
Une fois de plus, disparitions, meurtres, hystérie collective et théorie du complot se mélangent habilement afin de nous faire tourbillonner dans un monde sombre et dément, celui de l'Homme Debout. Celui dans lequel il faut tuer par nature, afin d'être soi-même.
Les qualités narratives sont toujours au rendez-vous, tout comme la profondeur des personnages principaux, mais aussi celle des personnages de moindre intérêt, que ce soient d'un camp ou de l'autre.
Un roman plein de tension, de peurs, d'espoirs... la recette réussie et réutilisée des deux premiers volumes de cette saga de l'horreur moderne. Et un final retentissant s'il en est.
Une fois encore, l'on se rend compte que l'on ne peut lâcher ce livre avant la fin, et qu'il est encore plus plaisant de le lire dans une semi-obscurité, afin de rassurer notre inconscient tout en le soumettant à l'aiguillonner de pensées inquiétantes sur l'Homme et ses aspirations.
Car même si nous ne sommes pas tels que les personnages de ce roman, certaines personnes peuvent-elles l'être ? Probablement pas aussi ressemblantes, mais l'idée nous traverse le temps d'un livre et c'est ce qui démontre toute la qualité de celui-ci : il nous entraine plus loin que nous ne pourrions le supposer et l'admettre, et il ne nous y perd pas... il nous permet de retrouver notre propre monde, secoué par l'intensité de ce qui reste une simple "histoire", mais de retour dans notre monde tout de même.
Auteur : Michael Marshall
Editeur : J'ai Lu
Prix : 8 euros
Nombre de pages : 362
Sommaire des livres critiqués