Si la majorité des croyants est aussi favorable à une loi de liberté sur la fin de vie, l’église et certains de ses fidèles mènent un combat violent contre la douce mort. Quelques nouveaux extraits de mon livre « Les voleurs de liberté. »
Christine Boutin
Mais je n’interdis à personne le droit de penser qu’une agonie dans la souffrance fait partie de son propre chemin de vie. Si Christine Boutin, en sa qualité de représentante du Pape – elle est membre du Conseil pontifical pour la famille depuis 1995 –, le pense, c’est bien sûr son droit. Mais qu’on ne m’impose pas d’adhérer à leur thèse. Et surtout, lorsqu’elle s’exprime en sa qualité de ministre, qu’elle fasse abstraction de ses mandats liés au Vatican ! Son engagement auprès de cet État théocratique était-il d’ailleurs compatible avec la fonction de ministre dans notre république laïque ? Amusant de constater que lorsqu’elle a été virée du gouvernement, comme elle le dit, on lui a immédiatement proposé d’être ambassadrice de la France auprès du Saint-Siège !
L’église catholique
« Sans oublier l’influence de l’Église catholique. Certes, les religions doivent pouvoir participer au débat et se faire entendre. Mais ont-elles le droit d’imposer leur point de vue dans une république laïque ?
D’ailleurs, personne ne s’étonne que juste à côté de l’Assemblée nationale, il y ait une église – l’église Sainte-Clotilde – dont la principale activité du curé est de recevoir les parlementaires et de les convaincre de la justesse des positions catholiques sur la famille et les questions de société. Longtemps, ce fut le sympathique et médiatique père de la Morandais qui animait au grand jour le Service Pastoral d’Études Politiques (SPEP) qui fut créé en 1992 par le cardinal Lustiger. On lui a préféré des successeurs bien plus discrets mais néanmoins très présents aux côtés des parlementaires pour lesquels sont organisés deux messes hebdomadaires – une pour le Sénat, une pour l’Assemblée nationale – et surtout de nombreuses rencontres dont les plus importantes sont les dîners privés organisés au presbytère…
Ce qui est sûr, c’est que malgré les pressions et les anathèmes de leurs dirigeants, les fidèles ne partagent pas ce militantisme exacerbé des responsables religieux contre l’euthanasie. Les sondages le prouvent. Et c’est sans appel : 90,5% des catholiques non pratiquants sont favorables à l’euthanasie, et même 62,6% des pratiquants réguliers. Les croyants des autres confessions y sont favorables à plus de 68,3% ! Bien des hommes politiques envieraient de tels scores électoraux ! »