Tome 1 La fin du monde tombe un jeudi
Didier van Cauwelaert
Albin Michel
392 pages
Paru en Octobre 2009
Roman ados dès 12 ans
Quatrième de couverture: Dans une société sous contrôle total où le jeu règne en maître, un ado se retrouve détenteur d'un secret terrifiant, qui déchaîne contre lui les forces du Mal...et celles du Bien. Tiraillé entre la femme de ses rêves et un vieux savant parano réincarné dans un ours en peluche, Thomas va découvrir, de pièges en rebondissements, l'exaltant et périlleux destin d'un super-héros à mi-temps. Course contre la montre et voyage initiatique, cette aventure de Thomas Drimm, au suspense haletant et à l'humour féroce, a tout pour passionner les lecteurs de douze à cent douze ans.
A propos de l'auteur: Didier van Cauwelaert, prix Goncourt pour Un aller simple, a vendu plus de cinq millions de romans traduits dans une trentaines de langues.
Pour la sortie de Thomas Drimm, le grand défi a été remporté : les premiers chapitres ont semble-t-il remportés un franc succès lors de la prédiffusion sur téléphone mobile. Cette saga annonce d'emblée 5 tomes et je parierais sans grand danger que notre héros Thomas Drimm pourrait être adapté au cinéma. C'est Paola et les éditions Albin Michel qui m'ont permis de lire ce roman jeunesse, reçu avec une grande rapidité et dédicacé par l'auteur, ce que j'ai énormément apprécié...et que je remercie vivement.
Thomas Drimm a 13 ans. Adolescent mal dans sa peau à cause de ses kilos en trop, son passe-temps favori est de jouer avec son cerf-volant XR9 bien que sa mère juge qu'il est trop grand pour ça. Parlons en de sa famille. Sa mère : psychologue dans un casino est une fervente citoyenne et ne déroge à aucune règle du gouvernement. Le père, c'est un peu plus compliqué. Enseignant, il est devenu alcoolique pour fuir un monde dominé par le contrôle total, où les gens sont domestiqués par des puces cérébrales. Ex-membre du Comité de censure, le père de Thomas en sait énormément, il connaît les livres interdits, et inculque à son fils que le gouvernement est en réalité une grosse machine corrompue, tyrannique qui fait régner la loi du chaos et de la terreur psychologique. Car Thomas vit dans un monde où la liberté n'existe pas, seulement par auto-suggestion. Manipulation des esprits, surveillance omniprésente, le suicide et la dépression nerveuse sont passibles de lourdes conséquences. La religion n'en parlons même pas. Les Etats-Uniques, sont donc un gouvernement en totale autonomie mais aussi en autarcie car le Bouclier anti-matière le protège des agressions extérieures. A la suite d'une guerre, les Etas-Uniques sont seuls au monde et les dirigeants sont égocentriques au possible. Et Thomas doit vivre et faire avec cet environnement déviant...
Un jour, alors qu'il joue avec son cerf-volant, ce dernier chute et tue un vieux Monsieur. Complètement paniqué, Thomas cache le corps et l'objet de l'homicide involontaire, espérant ainsi ne pas attirer d'ennuis à son père. C'est compter sans la réincarnation du mort dans son ours en peluche. Thomas n'en croit pas ses oreilles. L'ours parle d'équation, de Bouclier, de protons et il est question de sauver le monde ! Parce que voyez-vous, le vieux monsieur s'avère être le grand scientifique qui inventa le fameux bouclier de protection... Thomas va devoir en moins d'une semaine, mettre à exécution le plan de son ours, rencontrer la femme de sa vie et se battre sans le savoir contre des forces qui l'animent de l'intérieur...
Avec Thomas Drimm, Didier van Cauwelaert nous a concocté un vrai cocktail d'actions, de suspense effréné où le lecteur embarqué dans ce monde à la dérive, n'a pas le temps de reprendre son souffle ! Entre science-fiction et roman initiatique, Thomas Drimm représente le héros par excellence: adolescent ordinaire, avec ses problèmes, marginalisé par son obésité, sa vie semble peu intéressante. Puis vient ce point de non retour: un meurtre non prémédité qui le propulse, tout feux avants, dans une intrigue palpitante. Le monde décrit par l'auteur regorge d'idées passionnantes qui à coup sûr feront réfléchir plus d'un jeune lecteur sur notre propre réalité et là je pense notamment à l'importance accordée aux medias, à l'information retravaillée, prémâchée et rendue digeste pour ne pas effrayer les populations. La fin du monde tombe un jeudi, un titre pertinent qui montre le danger d'une société banalisée et canalisée par la consommation et la politique. Il me fait d'ailleurs penser à un titre classique de la science-fiction Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley. Stephie nous parle à juste titre d'un roman de sensibilisation, je ne peux que rejoindre son avis. Leiloona évoque un terme fort: "une dystopie qui fait froid dans le dos"!
L'originalité tient dans cette description d'une société balisée par un diktat au quotidien où l'on vous dicte ce qu'il faut penser, ce qu'il faut manger, et qui persécute la différence au nom de l'homogénéisation des mentalités. Ca fait peur ! Mais l'originalité réside aussi dans cette incroyable réincarnation de l'ours en peluche : où le monde matérialisé de l'enfance quitte ses chimères en rappelant sans cesse à notre héros son erreur. Objet d'enfance et rite d'initiation à l'âge adulte, l'ours en peluche est une idée fort bien soignée!! Autre critère que j'ai particulièrement apprécié, c'est le tiraillement entre le Bien et le Mal. Thomas est attiré par des forces lointaines, incertaines, dangereuses dont il est conscient sans en prendre la véritable teneur. Ce manichéisme latent se retrouve d'ailleurs dans les décisions qu'il doit prendre et qui sont difficiles. Le choix de sauver ou non le monde, le choix de grandir ou de rester confortablement dans sa petite vie insignifiante, la responsabilité de ses actes. Thomas Drimm promet une saga pleine de rebondissements, qui plaira aux adolescents, qui ne manqueront pas de s'identifier à ce héros pertinent, drôle mais un peu indiscipliné. Je pense aussi au traitement fait à l'amour, au désir de la femme et là ça flanche un peu: les termes employés ne sont pas toujours adéquats et l'auteur propose une image assez désarmante de la femme, voire simpliste de la vision amoureuse. C'est un détail, rassurez-vous mais je rejoins l'avis de Leiloona sur ce point.
En conclusion, ce tome 1 a relevé son défi de me plaire, j'ai bien envie de poursuivre cette saga et là c'est fort car je ne suis de prime abord, pas vraiment attirée par ce genre de roman jeunesse à la "garçonne".
Le site du livre: www.thomas-drimm.com
4/5 champignons