Adapter les aventures (para) scolaires du Petit Nicolas était un pari risqué : on sait maintenant qu’il s’agit surtout d’un pari perdu.
Faut-il vraiment présenter Agnan, Alceste, Eudes, Joachim et toute la bande de copains du Petit Nicolas ? Si les adorables sales gosses de Sempé et Goscinny ont illuminé votre enfance comme la mienne, vous connaissez la « chouette » vie qui est la leur, faite de bagarres et bêtises en tout genre dans la cour de récré.
Faute de pouvoir résumer l’intégralité de la série en 1h30, l’intrigue (si l’on peut dire), se concentre ici sur l’arrivée supposée d’un nouveau membre dans la famille de Nicolas : un petit frère. Le cahier des charges fantasmé de la comédie franchouillarde réussie est rempli avec application, et l’on retrouve un casting prestigieux du côté des adultes (Kad Merad, Valérie Lemercier…).
Les gags ne sont pas mauvais, mais prévisibles et pas toujours d’une finesse extrême : l’avalanche d’évanouissements théâtraux, si elle retranscrit peut-être un certain état d’esprit propre à l’œuvre originale, ne convainc guère. L’univers visuel désuet (ah, les culottes courtes !) et gentiment pop est en revanche plutôt agréable. Les enfants ont chacun leur style et, en cancre lunatique, Clotaire force la sympathie.
Que reprocher alors à ce Petit Nicolas ? Eh bien le choix de l’acteur principal, pour commencer : avec son insupportable tête de poupon, Maxime Godart plombe d’entrée le film, et arrive à nous rendre totalement antipathique le rôle-titre. Si les jeunes acteurs sont ici peut-être moins mauvais que la moyenne hexagonale en la matière, bâtir un film entier sur leur prestation était hasardeux, et le réalisateur est trop souvent forcé de se recentrer sur le monde des adultes.
Plus généralement, on aura rarement vu un film –même familial– aussi inoffensif et aseptisé. Malgré un habile clin d’œil, on ne pourra même pas comparer Le Petit Nicolas aux Choristes puisque, trop édulcoré pour être jugé passéiste, le film devra se contenter d’être simplement gentillet et très gentiment raté. « On n’est pas à une bêtise près », chante l’horripilant Renan Luce sur le générique de fin : navrant épilogue d’un film qui s’enfonce tout seul.