Mais Philippe Lucas est-il un vrai rocker ou une grossière contrefaçon ? Côté pilosité frisant l'hirsutisme, rien à dire. Côté coupe de cheveux en revanche, plaquée et dégarnie devant, filasse et longue derrière, seuls les footballeurs allemands des années 1980 ou Michael Bolton, l'idole des mémères à bourrelets made in USA, ont pu lui servir de modèles. Comme référence rock, c'est limite larsen. Passons à l'amour des chaînes, bagouzes et joncaille en tout genre. Une tête de mort sur l'index ou une croix sur fond de poitraille moquetté, passe encore. Mais Lucas de Saint-Germain, tous muscles dehors, kiffe plutôt les dorures. Là, ça sent plus le rappeur en goguette que le Hell's Angel au cambouis. Nouvelle faute de goût.
L'explication à ce décalage, tient sans doute à celui que notre pithécanthrope des bassins tient pour l'idole absolue, Johnny. Pas Johnny Weismuller, non. Johnny Hallyday, le Jojo que les bikers de province arborent sur leurs tee-shirts achetés en magasins d'usine, à Troyes, dans l'Aube. Johnny, à la croisée des genres musicaux mais toujours avec une petite décennie de retard sur les tendances lourdes du "ouak'n'wol". Lucas de Saint-Germain connaît du rock ce qu'il en a vu de Melun, où les vapeurs de chlore ne vous emmènent guère plus loin que le brouet franco-belge de Philippe Smet et consorts. D'où, une identité musicale incertaine, cachée dans des roulements de caisse bien loin des grondements de Motörhead, des charges furieuses de Metallica ou même du cynisme destroy d'un Johnny Cash...
Ce qui m'amène à me poser une question plus sportive : Lucas de Saint-Germain est-il un vrai entraîneur ? S'il y a tromperie sur l'image, dont notre bonhomme fait commerce sans scrupule, la fonction ne serait-elle pas à l'avenant ? Garde-chiourme, c'est incontestable. Contremaître donnant la cadence, chrono en main entre deux gourmettes bling-bling, c'est certain. Mais coach dans une perspective éducative, de gestion de l'effort, de plaisir partagé, le moral, les muscles et les articulations meurtries de nageuses comme Esther Baron, Alena Popchanka ou, la plus fameuse d'entre elles, Laure Manaudou, laissent planer le doute. "C'est dans le rock que l'homme livre sa vérité" disait Chuck Berry. Je ne suis pas loin de penser comme lui.