Depuis quelques temps nous avons un nouvel habitué. Il aime bien venir rue Serpente. Il aime bien la boutique. Il aime bien nous parler aussi. La logique interne qui soutend son discours déroutant est tortueuse. Ainsi la vision de l’album de Mo/Cdm et Gaël, Les Blattes, racontant les tribulations d’un groupe de loosers hardeux, lui a inspiré les propos ci-dessous, qui nous ont paru idoines pour ouvrir cette nouvelle rubrique.
« La libellule, c’est une mante religieuse qui vole, un peu comme une langouste, mais dans l’air, c’est bien pour nourrir les iguanes, si tu en a un. J’ai déjà touché un iguane, c’est plus caoutchouteux qu’une blatte, mais ça va moins vite, surtout les blattes géantes, elles peuvent aller à quatre-vingt ou cent kilomètres heure. Les blattes, elles viennent d’Amérique du sud, mais elles ont profité du mouvement tectonique pour passer en Afrique. C’est vicieux une blatte, comme le rat, elle observe les humains, ce qu’ils affectionnent, pour ensuite se mettre dessus, la blatte, elle est plus vicieuse que l’araignée, elle se met sur tout ce que tu affectionnes, mais la blatte géante, tu peux l'apprivoiser, par contre elle est jalouse... Si t'affectionnes la télé, elle va se mettre dessus, le truc c'est de rien aimer, alors elle est perdue... Pareil pour les consoles de jeux, sauf la nitendo, ça elle supporte pas. Mais si tu l'apprivoise et que tu invites une fille à dîner, elle viendra se foutre au milieu, elle est jalouse, plus que l'araignée, l'araignée elle dépends des intempéries, la blatte de ce que tu affectionne. Les intempéries, on n’a pas trop de pouvoirs dessus, s'il pleut, puis après y’a du soleil, paf, t’as une araignée, un, deux, des fois trois centimètres, mais une araignée, c’est pas vicieux, elle s’en fout de ce que tu affectionnes, la blatte elle le repère de suite. Moi j’avais une blatte, elle se mettait sur tout ce que j’aimais, alors j’ai acheté une musique bien énervante, qui me faisait haïr, et là j’ai pu la dresser, après elle était apprivoisée, mais jalouse, c’est jaloux une blatte, si tu la sens, ça sent le bidonville, pas l’araignée, l’araignée, ça sent rien, je sais, j’en ai senti… »
Propos notés discrètement par notre envoyé spécial qui a préféré garder l'anonymat.
Illustration extraite de l'édition française du livre
Merveilles de la nature : les insectes de Alfred Edmund Brehm, présenté sur ce
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