Fidèle lecteur du JDD, BiBi s’est souvenu des différents différends entre la Société des journalistes du Journal du Dimanche et les dirigeants du Groupe du Frère Lagardère. Le tirage moyen du journal (sans compter la version Samedi) dépasse régulièrement les 400.000 exemplaires. Le poids considérable du Marchand de canon dans la fabrication de l’Opinion publique est donc considérable.
Il y a un an environ, les journalistes du JDD avaient tenté de faire entendre leurs voix dans la confection de leur journal et avaient (avec beaucoup d’euphémisme quand même) signé un acte de courage dans lequel on pouvait lire que «le traitement de l’actualité présidentielle et gouvernementale manque régulièrement de distance». Dans cette lettre adressée à Frère Arnaud, à Didier Quillot, à Bruno Lesouëf et au cher Christian de Villeneuve (qui revient toutes les semaines pour bien nous faire comprendre combien son journal est à notre service), la Société des Journalistes soulignait une «dérive éditoriale». Soulignant la neutralité politique d’antan ( euh… c’est à voir), l’équipe des journalistes avait rajouté qu’elle était «aujourd’hui mise à mal».
Les exemples restés encore en mémoire furent la censure d’une Cécilia Sarkozy abstentionniste, le carton rouge à Alain Genestar et la propagande éhontée à propos du soutien sur le travail du dimanche. Rappelons brièvement cette dernière affaire : en octobre 2008, le JDD avait publié un sondage Ifop-Publicis-Consultants (propriété de Laurence Parisot du Medef) laissant apparaître un soutien de l’opinion publique à une libéralisation du travail le dimanche, le jour même d’un déplacement des ministres Xavier Bertrand et Luc Chatel sur ce thème à Thiais (Val-de-Marne) !
Un mois après ce grand moment de journalisme, Claude Askolovitch publiait son article hebdomadaire sur le voyage de Chouchou au sommet du G20. Le JDD en fit sa Une le plus simplement du monde dans un retentissant : «Sarkozy en Maître du Monde ». La SDJ avait alors relevé : «Le JDD se contente ainsi, trop souvent, d’accompagner le président de la République dans ses déplacements sans prendre de recul». C’est le moins que l’on puisse écrire !
Nous étions en novembre 2008. Depuis, silence radio. BiBi, fidèle lecteur, suit au mot près l’hebdo dimanche après dimanche. Il ne confond pas les Journaleux avec les Journalistes mais il n’aimerait pas toujours rappeler sa propre opinion traduite avec justesse par Alain Accardo (qui s’adressait alors aux journalistes du Public) :
«Pour pouvoir crier au loup de façon crédible, il faudrait que, au lieu de servir la soupe aux puissants, vous vous soyez battu(e)s inlassablement contre «la main mise du Pouvoir», les atteintes à «l’indépendance» et la «dégradation» des programmes. Mais, à l’exception d’une infime minorité de journalistes qu’on doit saluer avec respect parce qu’ils/elles ont eu la probité et le courage, au milieu de rédactions hostiles ou indifférentes, de dénoncer l’aliénation du milieu journalistique par l’argent et les amitiés politiques, la très grande majorité d’entre vous, par conviction partisane, par carriérisme, par lâcheté, par inculture ou par bêtise, est restée muette quand elle n’a pas collaboré (…) » Sinon, franchement, on aura du mal à vous prendre au sérieux ».
BiBi reconnait le courage de cette infime minorité qui a su faire front à la dégradation partisane de leur hebdo. A l’approche des échéances de 2012, BiBi, lecteur lambda, se demande quelles ont été les retombées de cette protestation puisque, dimanche après dimanche, il ne voit aucune amélioration à la qualité d’un journal qui se pose en hebdo ouvert aux courants pluriels. Toujours, en premières lignes, en chiens joliment dressés, merveilleusement tenus en laisse, couinent les braves Toutous de la Nichée Lagardère.