Le site Médiapart a publié ce vendredi 2 octobre un article relatant une réunion tenue chez Orange France Télécom le 20 janvier 2009. M. Didier Lombard, ce PDG au charisme étincelant et au tact en berne, soucieux désormais de, selon ses termes si délicats, « marquer un point d’arrêt à cette mode de suicide», s’était ainsi adressé à ses troupes : « Ceux qui pensent qu'ils vont pouvoir continuer à être sur leur sillon et pas s'en faire tranquille, se trompent. » Il a précisé ensuite, à l’intention des personnels de province : « Y compris les populations qui ne sont pas à Paris. Qui pensent que la pêche aux moules est merveilleux (sic) eh ben, c'est fini ! ». Chacun d’entre vous rêve, j’en suis sûr, de travailler sous les ordres d’un si grand humaniste.
Au vu de telles déclarations, on peut suspecter chez M. Lombard certaines tendances racistes. Certes, il ne les exerce pas contre les Noirs, les Arabes ou les Auvergnats, mais procéder à des généralisations hâtives, utiliser le défini là où seul l’indéfini conviendrait, et encore, laisse supposer qu’il a été imprudent de confier à un tel homme des responsabilités aussi écrasantes. Ce personnage semble avoir ancré en lui deux idées forces que je résumerai en empruntant le langage qu’il semble affectionner :
- les fonctionnaires sont des glandeurs
- les provinciaux sont des fumistes
ou, pour faire plus court, comme pourrait dire notre bon roi Chilpéric, rien que des fainéants.
M. Lombard est parvenu au sommet qu’il occupe actuellement par la grâce de sa maîtrise juvénile des mathématiques, confortée peut-être par une certaine expertise dans la gestion des relations utiles. Assurément pas par son habileté de communiquant. Je doute fort qu’il ait eu l’occasion, comme on peut l’attendre d’un chef digne de ce nom, de pratiquer les activités qu’il demande à ses subordonnés. Il n’a donc pas pu comprendre que son discours insultait tous ceux qui accomplissent consciencieusement leur tâche, non pour satisfaire leur patron, pas plus pour l’appât de la récompense, mais pour le seul amour du travail bien fait, notion qui a de fortes chances de lui être absolument étrangère.
Ce genre de propos est aussi totalement incohérent avec la politique de nombreuses entreprises, parmi lesquelles France Télécom. Elles entendent désormais récompenser la performance individuelle et rémunérer les salariés selon leurs résultats. Il est donc de la dernière inconséquence de se laisser aller à des menaces collectives.