En quatre ans, la Libye s'est débarrassée de son image de "paria" diplomatique, accusée de soutenir le terrorisme international et sanctionnée par le Conseil de sécurité. Tripoli a débuté sa "métamorphose" en 2003, en reconnaissant son rôle dans l'attentat de Lockerbie, qui avait fait 270 morts en 1988, et en renonçant à ses programmes d'armes de destruction massive. Les Etats-Unis, qui, en 1995 et 2000, étaient parvenus à bloquer l'accession de la Libye au Conseil de sécurité, ne s'y sont pas opposés cette année. En mai 2006, Washington avait salué la coopération de Tripoli dans la lutte antiterroriste.
Le 25 juillet, au lendemain de la libération des infirmières et du médecin bulgares emprisonnés en Libye, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, avait exprimé son souhait de se rendre pour la première fois dans le pays."Tout gouvernement prêt à serrer les mains pleines de sang de Kadhafi a perdu toute prétention à la moralité", s'est insurgé, mardi, l'organisation Justice for Pan Am 103, qui regroupe des familles de victimes de l'attentat de 1988. Certaines d'entre elles affirment ne pas avoir reçu tous les dédommagements promis par Tripoli. Selon une source diplomatique, la France a voté en faveur de la Libye, qui n'avait pas de concurrent au sein du groupe africain.
"Je suis surpris de voir à quelle vitesse la Libye a été réhabilitée", note Dirk Vandewalle, professeur au Dartmouth College, qui relève que la situation des droits de l'homme dans le pays a été "oubliée de façon pratique". Antoine Madelin, directeur des organisations internationales de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), se dit pour sa part "sceptique" sur la capacité du pays à "participer au mouvement d'inclusion des droits de l'homme à l'ordre du jour du Conseil de sécurité".