Cela fait longtemps que je pensais en parler, faire un article de fond là dessus, un truc sérieux un peu genre à la Nemo. Mais le temps (et je dois avouer, un grand coupd de flemme depuis quelques jours).
Donc je vais un peu céder à la facilité et citer quelques articles pêchés ici et là en guise de réflexion.
Quelques réflexions: Je ne me prononcerai pas sur le bien ou le mal d'une privatisation rampante de la Poste ; je me permettrai toutefois de signaler que l'Histoire ne plaide pas en faveur de la privatisation de grands services publics. Il suffit de voir la catastrophe du train en Grande Bretagne dont malheureusement je vois les conséquences tous les jours. La raison voudrait que l'on ne privatise que des services sur lesquels il peut y avoir une vraie concurrence: pour les trains, il faudrait mettre 2 rails côte à côte pour pouvoir faire rouler 2 trains en concurrence. Pour les autoroutes, il faudrait 2 autoroutes côte à côte pour que l'automobiliste puisse véritablement choisir le meilleur réseau lorsqu'il veut rejoindre A à B. Sans cela, que se passe-t'il lorsque l'entreprise privée disparaît, soit parce qu'elle fait faillite, soit parce qu'elle considère le service comme non rentable ? Et bien l'État, c'est à dire nos impôts, doit s'y substituer. peut être réaliser les investissements nécessaire à la continuité du service et que l'entreprise privée n'aura pas effectué, sur un principe de rentabilité de court terme et de rémunération de ses actionnaires.
Dans le cas d'un service postale privé, que se passerait-il des Postes non rentables. Une entreprise privée fermerait ses succursales sans profit, ou tout au moins réduirait le service: une distribution de courrier tous les 2 jours, 1 fois par semaine...etc. Si cela est jugé inacceptable... et bien l'État devra mettre la main à la poche pour rétablir le service, ce qui équivaut à demander au citoyen de payer à nouveau pour rétablir un service qui périclite, tout en ne bénéficiant plus d'activité plus rentables pour l'équilibrer, qui resteraient, elles, privatisées. Le fameux: on privatise les profit et nationalise les pertes.
En France le débat fait rage, puisqu'on est en plein dans l'actualité avec l'organisation d'une "consultation" cette semaine sur le projet du gouvernement.
Sur le principe de la consultation, je n'ai pas l'esprit chagrin d'Authueil qui parle d'escroquerie démocratique. Il s'agit ni plus ni moins d'une pétition géante, que ses auteurs on le merite de présenter sous un jour flatteur afin d'y apporter le plus de visibilité possible et de porter leur message. Je dis bravo et salut l'organisation.
Sur les assurances apportées par le ministre Estrosi, que dire... Un grand éclat de rire peut être ? Comment croire sérieusement celui qui il y a encore peu assurait ses électeurs à la mairie de Nice qu'il se consacrerait 100% à celle ci. Comme le rappelle à juste titre Nicolas Demorand, il est à bonne école, puisque c'est Sarkozy qui assurait les Français lorsqu'il était lui même ministre que jamais GDF ne serait privatisé. on connaît la suite. De toute façon la capacité de mensonge des politiciens ne cessera d'étonner. Sur ce même interview d'Estrosi raconte tout simplement n'importe quoi comme le démontre Jean Quatremer.: toutes les directives ont été votées par la France au niveau de l'UE, que ce soit par des gouvernements de gauche ou de droite.
De l'autre côte de la Manche, l'inquiétude est plutôt sur les fermetures de bureaux de poste. On ne compte plus les campagnes "Save our post office". De nombreux bureaux ferment en effet en Angleterre, où la poste est accusée de faire d'énormes pertes. (mais un service public doit-il forcément être rentable ?).
Une amie anglaise m'indiquait récemment qu'elle ne s'étonnait pas des difficultés de la poste et de la baisse du trafic la plupart du temps avancée pour expliquer les pertes, du fait du développement des échanges sur Internet. Mais un article de Rue89 (sur la France, mais qui doit aussi bien s'appliquer sur la situation britannique) remettait les pendules à l'heure:
Le courrier ne se porte pas si mal, d'abord au niveau chiffre d'affaires :
* 2004. 10,87 milliards d'euros
* 2005. 11,24 milliards d'euros
* 2006. 11,31 milliards d'euros
* 2007. 11,57 milliards d'euros
* 2008. 11,31 milliards d'eurosEn terme de trafic, le recul est régulier depuis 2003 :
* Entre 2003 et 2007. -1% par an
* 2008. -3 %
* 2009. Entre -5 et -6%Traduit en volume de documents acheminés, cela donne :
* 2005. 28,6 milliards
* 2006. 28,4 milliards
* 2007. 28 milliards
* 2008. 27 milliardsL'explosion de la vente en ligne dope le trafic des colis
A l'inverse, le développement de l'e-commerce a tout simplement fait exploser l'activité colis, plus rentable que celle du courrier : Le chiffre d'affaires du Colis Express (cela regroupe le Chronopost spécialisé dans la livraison rapide en 24h et le Colisposte livré en 48h) en témoigne :
* 2004. 3,48 milliards d'euros
* 2005. 3,68 milliards d'euros
* 2006. 4,17 milliards d'euros
* 2007. 4,5 milliards d'euros
* 2008. 4,7 milliards d'eurosLe web est donc en train de sauver une activité qui est très européenne, car une grosse partie de la vente en ligne vient d'Allemagne ou d'Italie. Geopost, qui regroupe les filiales « express » de La Poste en Europe, est le deuxième opérateur du continent sur ce créneau. Les chiffres du trafic concernant les colis (livraison en 48h) :
* 2004. 250 millions de colis
* 2005. 260 millions de colis
* 2006. 263 millions de colis
* 2007. 274 millions de colis
* 2008. 270 millions de colis
Et pourquoi pas mettre en place des service publics Européens ?