Moi, je suis du genre robinet automatique. Vous savez, ce qu'on trouve dans certains toilettes : vous avancez les mains (ou parfois vous vous reculez, je me comprends, les hommes aussi) et l'eau se met à couler. Avec les larmes, c'est pareil. Il suffit que je vois trois scènes de films, toujours les mêmes, et j'ouvre les vannes des grandes eaux, pendant qu'on envoie les violons. J'ai un peu honte d'en parler dans la note du jour. Mais c'est la loi du blog. Et puis comme ça, vous saurez le genre de projection qu'il faut m'épargner, si vous ne voulez pas passer votre temps à éponger le sol avec une serpillière. Ni voir votre boîte de Kleenex s'effeuiller complètement, comme une strip-teaseuse du Pink Paradise.
Le premier toutes catégories, c'est le film de Chaplin "Les lumières de la ville". Pas besoin d'oignon. Il suffit que je revoie (pour la 100e fois, au moins) la dernière scène. Bon, je vous la raconte, mais c'est sans garantie que je la finisse... La jeune femme aveugle a recouvré la vue grâce aux bons soins de Charlot, qui s'est saigné aux quatre veines pour lui payer une opération. Il sort de prison et traîne dans les rues. Il aperçoit sa protégée, qui est guérie, et qui travaille chez une fleuriste (alors qu'avant, elle vendait des roses à la sauvette). Elle ne le reconnaît pas, et pour cause, quand il passe en haillons devant la boutique où elle s'active. En effet, quand elle était aveugle, il se faisait passer pour un homme plein aux as. Mais elle reconnaît sa main quand elle lui glisse une pièce dedans, croyant donner l'aumône à un vagabond. Ça me touche tellement que j'ai eu un mal fou à importer la vidéo trouvée sur youtube. C'est d'ailleurs assez paradoxal, car le film est une sorte d'adieu au cinéma muet. Les personnages ne parlent pas : on voit des cartons avec les dialogues. La jeune femme reconnaît son bienfaiteur par le toucher ! Avant de lui dire (par un nouveau carton de dialogue...) : «C'est vous ?». Et là, moi... Je vous laisse deux secondes, je vais me dégourdir les jambes...