Eric Besson est fascinant

Publié le 04 octobre 2009 par Juan

Eric Besson est fascinant. Davantage que n'importe qui d'autre en Sarkozie, il est sensible à la critique, et s'attache à la contester systématiquement. Eric Besson veut prouver que les critiques ont tort. Avec hargne et persévérance. Il veut prouver, chaque jour, chaque semaine, que ses anciens "camarades" se trompent, qu'il n'a pas perdu son éthique en quittant la gauche.
La semaine dernière, il a ainsi remis le couvert. La presse (exception faite du Figaro) et l'opposition ont raillé le cirque médiatique des bulldozers détruisant les campements de sana-papiers dans la "jungle" de Calais. Dès le lendemain, certains se faisaient l'écho du retour de migrants sur place. Besson ne pouvait laisser passer cela.
Jeudi 24 septembre, le ministre de l'identité nationale voulait dresser un bilan de son opération. Il avait réuni "l’ensemble des services de l’État ayant participé à l’opération de démantèlement du campement illégal, occupé par plusieurs centaines d’étrangers en situation irrégulière, communément appelé « la jungle ». Des représentants de la Mairie de Calais participaient à cette réunion." Et quels furent les conclusions de ces représentants de l'Etat ? Surprise... L'opération est un succès... Non... Sans blague.

"Lors de cette réunion, il a été confirmé au ministre qu’aucune réimplantation d’étranger en situation irrégulière n’avait été constatée sur le lieu dit de la «jungle». Le ministre a réaffirmé sa volonté de procéder au démantèlement progressif de tous les squats et campements sauvages implantés dans la région par les filières d’immigration clandestine.
Eric BESSON s’est félicité d’apprendre qu’un projet de construction d’une zone d’activité économique était actuellement à l’étude sur la zone de la « jungle », désormais rendue à l’état de terrain nu."

Lundi 28 septembre, le ministre s'est à nouveau défendu. La presse se faisait l'écho du retour des migrants dans la zone si prestement évacuée une semaine auparavant. Près des deux tiers des sans-papier interpellés ont été relâchés. Emporté dans sa défense, le ministre lâche une information essentielle : le taux de remise en liberté des migrants interpelé est de 67% en moyenne chaque année. En août dernier, nous posions cette question, essentielle pour mesurer l'ampleur des arrestations nécessaires, et jusqu'ici sans réponse : "combien faut-il d'interpellations pour atteindre l'objectif annuel d'expulsions d'immigrés clandestins ?" La journaliste Audrey Pulvar, à l'époque sur France 2, avait posé cette même question à Nicolas Sarkozy en juin 2008, une "insolence" qui avait profondémment agacé le Monarque. Nous avons donc la réponse : pour expulser 30 000 migrants, il faut arrêter quelques 90 000 personnes chaque année.

Mardi 29 septembre, un journaliste de France Info témoigne sur sa station:

"Une semaine après, on en est presque au même point. Car des expatriés, on en croise un peu partout à Calais et dans les alentours. Les mineurs avaient été placés dans des foyers. Ceux que l’on retrouve ici ont tout simplement fui pour revenir au point de départ. Les 151 majeurs avaient été éparpillés un peu partout en France, en particulier dans le Sud ; 111, chiffre du ministère, ont été libérés. Beaucoup ont décidé de refaire le chemin en sens inverse. Retour dans le Pas-de-Calais, le plus près possible de l’Angleterre, où ils veulent aller pour la plupart."

Jeudi, le ministre est l'invité du Grand Journal de Canal+. Il justifie, encore et toujours, chacun de ses mots et déclarations. Ainsi, les CRS ont bien été "délicats" lors de la destruction de la "jungle" de Calais, puisqu'ils ont "spontanément" retiré leurs chaussures avant de pénétrer dans une tente qui faisait office de lieu de prière. Il est comme ça, Eric Besson: acharné à démontrer sa bonne foi, la justesse de ses convictions. Qu'importe si son action n'a pas d'autres effets qu'un peu de souffrance individuelle et beaucoup de polémiques médiatiques et morales.

Le constat est cruel. Le ministre de l'identité nationale ne sert à rien. Vu de gauche, Eric Besson est comme marqué au fer rouge. Mais vu de droite, il est suspect comme tous les nouveaux convertis.


Besson confirme des retours forcés de migrants...
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