Un commentaire sur un blog, qui se mêle à des cogitations ; la lecture d'une phrase dans un bouquin, qui croise des mots aperçus dans un journal, ou notés dans une chanson ; des mots captés ici dans une cuisine, là dans un univers professionnel, plus loin dans un commerce.
On a vite fait de se dire : nous vivons des temps reculés et reculants.
Mon petit doigt me rétorque, avec aplomb : ça, c'est que tu veux te laisser croire.
Il est chiant, mon petit doigt. Il bouscule. Il a bon dos, le quotidien.
Tu as raison, je lui dis. Posons les choses différemment : comment vit-on de nos jours des temps avancés et avançants, sans se boucher les oreilles, sans fermer les yeux, sans se barer dans l'irréel, à bouffer des pâquerettes ?
Héhéhé. Cette fois, il la boucle, mon petit doigt. Ca lui en bouche un coin. Il reste suspendu, peut-être à essayer de sentir d'où vient le vent. Mais justement. On sen fout, du vent.
Je me dis, le surveillant du coin de l'oeil : ça manque quand même de charisme, tout ça. Ce qu'on vit, ce qu'on donne à voir de la vie, ce qu'on dit, ce à quoi on attache de l'importance, ce qu'on néglige. Ca manque de créativité, tout cela. De joie. D'envie(s). De souffle. Non ?Tout est tellement raisonné, à défaut d'être raisonnable... Cervical, à défaut d'être cerf-volant.
Les autres jours, sur la télévision française publique, je regardais des reportages.
L'émission escapades, sur France 5. Il y avait une séquence découverte de la Pologne. On n'échappait pas à Auschwitz. Et tant mieux. Il y avait une autre séquence découverte du Nicaragua. On n'échappait à la misère d'un côté, l'extrême richesse de l'autre. Et puis a surgi une famille américaine. Papa, maman, deux enfants. Tous à vélo. En route depuis bientôt deux ans. Avec encore un an de pneus devant eux. Que faisait-il ? Il traversait tout le continent américain, de haut en bas.
L'émission 7 à voir, sur France 3. Un flash qui m'est revenu. Un reportage sur des bénévoles qui passent de leur temps à nettoyer des bords de rivière pollués au fil des jours par des indélicats qui viennent tout bazarder là en cachette. Image surréaliste qui surgit dans le reportage : notre bande de bénévoles croise deux types qui font du VTT. Et les deux types qui sourient à la caméra, pendant que les autres sont derrière eux, le cul tourné, les mains dans la merde.
Je vois tout cela et je me dis, mais bordel, quel sens ? Quelles directions ? Pourquoi statique tout ? Quel charisme on met dans nos quotidiens ? Quelles valeurs ont place devant sans que ça reste un beau mot, une belle lettre, mais au contraire, que ça devienne un projet, une action, un acte ?
Je n'ai pas de réponses, évidemment. Pas complètement. Pas encore.
Juste envie, en ce dimanche, de poser cet écrit. Voilà voilà.