Il faut que j'emmène ma mère voir ce film ! Car après ça, elle trouvera que mon langage est digne du guide de savoir-vivre de la pseudo-baronne Nadine de Rothschild. C'est vrai, il m'arrive de jurer - comme tout le monde, non ? - mais parfois trop ; disons que quand je suis énervée, les "putain !" (pardon) ponctuent chaque phrase.
Et dans ce film, ça jure à tout va : la mère (si on peut appeler ça une mère) à ses enfants, et réciproquement, les soeurs entre elles, les jeunes dans la rue, etc... Mais dans cette famille où l'on ne se sait pas se dire "je t'aime", ce flot d'insultes prend une autre dimension et se substitue aux preuves d'amour plus conventionnelles.
En anglais, "Fish Tank" signifie "aquarium". Soit un univers sans issue, à l'image de la banlieue anglaise dans laquelle évolue Mia (interprétée par la novice mais bluffante Katie Jarvis), une adolescente rebelle de 15 ans, passionnée de danse hip hop. Un jour d'été, sa mère (Kierston Wareing) rentre à la maison avec un nouvel amant, Connor (le très sexy Michael Fassbender), qui s'installe chez elles. Mais très vite, Connor suscite l'ambiguité tant dans ses motivations - figure paternelle de substitution synonyme d'un avenir meilleur ou simple amant de passage ? - que dans la relation affectueuse qu'il cultive avec Mia.
Chronique sociale à la Ken Loach, mais aussi itinéraire d'une adolescente en colère contre tout, éveil à l'amour et la sexualité, soif de liberté.... Ce film d'Andréa Arnold propose plusieurs niveaux de lecture mais réussit surtout à nous prendre aux tripes de la première à la dernière minute. Une séance de cinéma dont on ne ressort pas indemme, mais ce sont justement ces moments-là qui renforcent ma passion pour le 7ème art.