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Le saumon est de retour dans le Rhin mais une série d'installations hydroélectriques françaises bloque sa progression et sème la zizanie entre Français, Allemands et Suisses, réunis jeudi à Bonn (ouest de l'Allemagne) pour évoquer le dossier. La 14e conférence de la Commission internationale de protection du Rhin (CIPR) doit plancher sur les mesures destinées à rétablir la continuité du fleuve pour les poissons migrateurs, objectif inscrit dans la directive européenne de 2000 sur la politique de l'eau.
"Poubelle de l'Europe" dans les années 1970, le Rhin a connu depuis la fin des années 1980 une nette amélioration de la qualité de ses eaux. Mais il est encore loin d'être le plus grand fleuve salmonicole d'Europe qu'il fut jusqu'au XVIIIe siècle. Les efforts ont permis de restaurer la "continuité écologique" depuis le delta du Rhin aux Pays-Bas jusqu'à la passe à poissons de Gambsheim, à une quinzaine de km en aval de Strasbourg, tandis que des centaines de milliers d'alevins sont relâchés chaque année dans les affluents du Rhin.
On estime que plus de 3.000 saumons adultes ont pu retourner dans l'hydrosystème du Rhin jusqu'à la fin 2005. Depuis sa mise en service en avril 2006, la passe de Gambsheim a servi à plus de 117.700 saumons, lamproies marines, anguilles et autres espèces migratrices, selon les comptages de l'association Saumon-Rhin.
Cet ensemble complexe de bassins communicants --l'un des deux plus grands d'Europe avec son alter ego d'Iffezheim, à une vingtaine de km au nord-- a coûté 10 millions d'euros. Il en faudrait 95 millions supplémentaires pour équiper les barrages de Strasbourg, Gerstheim, Rhinau, Marckolsheim et Vogelgrün, selon une étude de la CIPR. Au-delà, la voie est libre, les Suisses ayant déjà réalisé les équipements nécessaires.
Mais le montant de l'investissement soulève des interrogations en France."Entre Strasbourg et Bâle, il n'y a aucun affluent côté français, et côté allemand, il n'y a qu'un seul affluent un peu important. Se pose donc à l'administration française la question de la justification de tels ouvrages, extrêmement coûteux. C'est en discussion et c'est aux administrations concernées de prendre leurs responsabilités", a expliqué dans un entretien à France Bleu Alsace Joseph Schittly, ingénieur EDF.
Une option "à caractère transitoire", déjà mise en oeuvre depuis un certain nombre d'années sur la Garonne, pourrait consister à piéger les poissons au moment des migrations et à les transporter par camion au-delà des barrages, a-t-il précisé.
Cette solution n'est pas du goût des partenaires suisses et allemands. "Ce ne peut être une solution viable à long terme dans le sens d'une réhabilitation d'un fleuve comme le Rhin", confie à l'AFP le Suisse Willy Geiger, sous-directeur de l'Office fédéral de l'Environnement.
Pour l'Allemand Ingo Kramer, directeur de l'Association régionale de pêche du pays de Bade, "le transport par poids lourds est contre nature. On ne peut pas savoir où les poissons piégés souhaitent se rendre pour frayer, et s'ils ne sont pas relâchés au bon endroit, c'est l'échec".
Outre la méthode, le calendrier et le financement devraient aussi être abordés à Bonn. Alors qu'Iffezheim et Gambsheim, usines franco-allemandes, ont bénéficié de financements franco-allemands, les autres installations sont exclusivement exploitées côté français.
Les Suisses se disent "prêts à étudier" la prise en charge d'éventuels coûts résiduels. Pour qu'un jour, les saumons remontent jusqu'à chez eux. (AFP)
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