Samedi soir, alors que Moush et Nishal patientaient dans une brasserie pdt que j'allais récupérer les places de Kirikou, je suis tombée dans la rue sur un service d'ordre un peu spécial. Des gars, les cheveux, courts, de type aryen (je deteste ce mot, mais vous comprendrez mieux par la suite), une jaquette de sécurité jaune fluo avec dessus un autocollant "Avorter c'est tuer".
C'était le service d'ordre d'une manif anti avortement. Au style assez expéditif pour arrêter le trafic (j'ai cru qu'un gars aller jeter un scooter récalcitrant par terre). Sûrement les mêmes qui avaient balancé une personne d'origine arabe au dessus du Pont Neuf lors d'une manif Le Pen.
J'accélère le pas, et me réfugie dans le Casino pour récupérer les places. Arrive la manif. Aux premiers rangs, des curés. En noir. En longues soutanes noires, comme celles dans les films de Don Camillo. Sauf que là, tout autour d'eux était en couleur, c'est ahurissant, on avait l'impression que ces curés sortaient d'un musée. Ou d'une tombe. Un peu comme Dracula à la tombée de la nuit.
Puis il y a eu la foule, bcp de gens, bcp trop. Pas mal de vieux, bon on peut mettre leur présence à cette manif sur le compte d'un début de sénilité, que c'est mieux d'être dans une manif que seul dans son appartement, une peur de la mort... Mais il y avait ausi des jeunes, bcp de jeunes, trop de jeunes. Avec leurs gosses. Certains en culottes courtes, genre je sors d'un film sur l'après guerre. Et ce petit monde tenait des bougies et chantait des Avé Maria ou je ne sais quel chant religieux. Tout en tenant des panneaux "Avorter c'est tuer des bébés".
Moi, dans mon casino, j'étais horrifiée, j'en avais des bouffées de chaleur. Comment ose t on s'attaquer à une évidence, le droit à l'avortement ? Cela fait partie de notre liberté de femme, de pouvoir choisir si oui ou non nous souhaitons mettre un enfant au monde. Que l'on ne veuille pas avorter, soit, chacun son choix, mais qu'on empêche d'autres femmes de le faire, voilà le vrai crime...
Merde.
Une telle hypocrisie, un tel aveuglement m'exaspère.