par Didier Testot
L'acteur de la semaine économique et financière qui vient de s'écouler est sans conteste la banque BNP Paribas.
Avec le G20 qui s'annonçait à grand fracas de mesures de régulation financière, les lendemains auraient pu être plus délicats à gérer, "l'affaire" du bonus des traders de BNP Paribas restant dans les esprits.
Dans cette semaine post G20, BNP Paribas a pu au contraire montrer toute sa détermination pour continuer sa route seule en renvoyant l'Etat Français dans ses buts.
Après un été ou Baudoin Prot son Directeur général avait du s'incliner convoqué à l'Elysée devant les caméras, il était temps de reprendre la main.
BNP Paribas l'a fait en deux temps :
D'abord, une interview sur Europe 1 avec un intervieweur spécialiste des marchés financiers, tout le monde le sait, j'ai nommé Jean-Pierre Elkabbach, histoire de débroussailler ou de déminer le terrain.
Des questions Elkabbach en a toujours en poche comme celle sur Angela Merkel,pour une petite phrase qu'il a d'ailleurs récolté : "C’est très important qu’Angela Meckel soit reconduite. Pour nous, le moteur économique allemand reste essentiel", dixit Baudoin Prot. C'est de l'info ! Baudoin Prot certes peut avoir un avis sur Angela Merkel, mais est-ce vraiment un avis déterminant ? Pourquoi l'interroger sur l'Allemagne ? Ou encore Elkabbach toujours en verve :"C'est donc bien la peur du gendarme...(sic)", Baudoin Prot reste contris sur un fauteuil Europe 1 du meilleur goût, dépassant derrière les épaules de Prot, pourtant assez carré.
Paradis fiscaux : "BNP Paribas va fermer ses filiales"
par Europe1fr
En conclusion de cette interview matinale, le sujet essentiel est enfin traité : L'Etat quand allez-vous rembourser, interroge Elkabbach. Avant le 30 juin répond Baudoin Prot.
Conclusion de Jean-Pierre Elkabbach : Il faudra du temps pour améliorer l'image des banquiers"... et l'allégeance arrive à la vitesse du TGV "mais vous y contribuez... vous êtes là".
Fin du premier acte.
Le second tombe dès le lendemain matin à 7h01 avec un communiqué au titre édifiant :
Communiqué de presse : "BNP Paribas va réaliser une augmentation de capital de 4,3 milliards d’euros et rembourser les 5,1 milliards d’euros d’actions de préférence de l’Etat français".
"Le Conseil d’Administration de BNP Paribas s’est réuni le 25 septembre 2009 sous la présidence de Michel Pébereau. BNP Paribas va rembourser dès octobre les 5,1 milliards d’euros d’actions de préférence souscrites le 31 mars par l’Etat français, et lui verser une rémunération de 226 millions d’euros calculée sur 7 mois. Il était convenu dès l’origine avec les pouvoirs publics et l’Union Européenne que cette participation serait remboursée dès que possible. Son coût était d’ailleurs progressif de manière à inciter à un remboursement rapide. Les 5,1 milliards d’euros seront remboursés grâce à une augmentation de capital de 4,3 milliards d’euros, combinée à la création de fonds propres résultant notamment du paiement du dividende en actions (0,75 milliard d’euros) et de l’augmentation de capital réservée aux salariés (0,26 milliard d’euros).".
Le titre BNP-Paribas bondit en Bourse lors de cette annonce. Voilà donc comment en une semaine, BNP Paribas a pu rebondir en termes d'image avec succès, et donner une leçon d'efficacité à l'Etat qui lui n'a pas cru bon faire une plus-value boursière (Libération du 1er octobre).
C'est vrai que l'Etat n'a pas besoin d'argent, quelques milliards d'euros pour un déficit de 140 milliards d'euros.