Des jeunes créateurs marocains tentent de contester l’omniprésence du costume traditionnel sur les podiums, avec une mode nouvelle, plus moderne, plus libre et plus originale.
Chaussures en bois sculpté, semelles en gomme et couverture du pied en cuir pour ces sandales signées Salima Abdel Wahab. La créatrice du magasin Excentrica, à Tanger, a également présenté ses créations à La Réunion, en Allemagne, en Suisse et en Espagne. Elle développe un style autour du concept “d’aristocratie ethnique”, “mélange des races et des origines, résultat de la mixité et du métissage”. Des créations dans des matières nobles (coton, soie, jute), du velours aussi, résultats “de coups de foudre pour la matière et les tissus”.
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Première collection de prêt-à-porter pour Saïd Mahrouf. Né au Maroc et ayant grandi à Amsterdam, il expose, entre autres, au New museum of contemporary art et au National design museum de New York, et présente habituellement des installations contemporaines autour de l’architecture, du mouvement et des vêtements. “Dans mes travaux, le vêtement est l’instrument de la narration, puisqu’il est le lien entre le corps et l’architecture. Cette collection, essentiellement en noir et blanc, est comme la traduction de mon travail artistique en quelque chose que l’on peut porter”.
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Les créations d’Amine Bendriouich portées par la chanteuse Oum. Le styliste du trio “Hmar ou Bikheer”, issu de l’école ESMode, séduit avec ses kimonos et surprend avec ses improbables serouals-treillis. Vous avez dit fusion ? Oum porte ici cinq pièces – trois vestes, un seroual et un “panta-jupe”, comme une métaphore de la répétition des collections, de la mode et de ses leurres en somme. “On nous fait croire que les collections se renouvellent au fil des saisons, mais ce n’est finalement qu’une arnaque marketing”, explique le créateur, qui a recyclé ici des vêtements déjà créés, superposés pour donner au final une nouvelle forme, un nouveau costume. Impertinent.
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Choisie par Yves Saint-Laurent et Pierre Berger pour créer la collection des Jardins de Majorelle, Fadila El Gadi vend ses créations à New-York, Saint-Tropez, Rome ou Positano. En plus de son showroom marrakchi, elle ouvre cette semaine une boutique à Tanger. Ses créations optent pour des matières nobles (soie, cachemire, tweed, satin, velours de soie et autres fils d’or) pour un toucher à l’élégance raffinée, délicate, comme pour ce manteau long ouvert, brodé et travaillé entièrement à la main dans son atelier à Salé.
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Aziz Bekkaoui défilait pour la première fois dans son pays d’origine, comme en témoigne le bleu du ciel qu’on retrouve sur ses vêtements. Très contemporaine, sa collection a suscité des réactions mitigées, une certaine incompréhension aussi. Sûr qu’en couvrant les hommes (style burqa) et en dévoilant les femmes, il prenait des risques mais proposait également une symbolique forte. Méconnu au Maroc, il a pourtant défilé à Tokyo, New York et à la Fashion week de Londres. Il a récemment créé, à l’occasion du cinquantenaire de l’Union Européenne, 25 tenues symbolisant autant de pays de l’Union, présentées à Amsterdam au Palais de la Reine.
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C’est la première fois qu’Amina Agueznay présente son travail lors d’un défilé. Créatrice de bijoux et accessoires depuis une dizaine d’années, elle dessine notamment les bijoux des défilés de Noureddine Amir. En parallèle à l’utilisation de pierres semi-précieuses et après une collection de bijoux en papier, elle montrait ici une collection autour du métal, dont est issu ce futuriste collier (assemblé à la pince puis peint), parsemé de “cocons” de métal crocheté.
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Connu pour son travail autour du caftan, Noureddine Amir explore et crée sa propre matière. Ses vêtements “presque sculptés sur le mannequin” et ses serouals inhabituels en ont séduit plus d’un. Des vêtements unisexe, avec une touche orientale mais cependant très contemporaine. “Cette collection s’ouvre en noir et se termine par le blanc, qui symbolise l’espoir, la mode qui a envie de s’éclater et de sortir des sentiers battus. Il est grand temps d’avoir une mode marocaine en dehors du caftan”, plaide-t-il. Ses collections de prêt-à-porter sont distribuées dans de grands hôtels et il expose ses travaux “haute couture” dans son showroom marrakchi.
Telquel