- Ce samedi 3 Octobre 2009 - L'humeur du jour -
Il y a de cela quelques semaines, le 35e Festival du Cinéma Américain de Deauville a baissé le rideau sur des écrans qui ont vu défiler des dizaines de longs métrages et montré une Amérique plus tourmentée que radieuse. Des productions dont la plupart disaient le mal de vivre, l'inquiétude, le désenchantement, les rudesses de l'existence. Huit ans après le traumatisme qui l'a frappé au coeur, le Nouveau Monde se prend toujours à douter et à perpétrer une angoisse existentielle. Avec lui, le vieux monde a chaviré, pris de convulsions et surtout de confusions envers ses valeurs fondamentales. L'histoire de notre passé apporte cependant aux hommes d'aujourd'hui des leçons suffisamment lumineuses au coeur de nos inquiétudes. Ce qui est condamné, ce sont les exaltations violentes qui prônent un nivellement général, l'orgueil de ceux qui se voudraient les maîtres d'un monde formaté et uniformisé et dont les assertions atteignent au plus vif les communautés humaines. Quelles que soient les modalités des groupements humains de demain, et aussi loin que l'imagination puisse aller en ce sens, rien ne prévaut contre la réalité que nous sommes tous les héritiers d'un patrimoine. Ne cherchons pas vainement à ressusciter le passé - cela ne se peut - mais à prendre exemple sur ce qui a réussi, ce qui a duré. Les vrais vivants n'écoutent les voix des morts que lorsqu'elles sont un viatique qui les aide à assurer une aventure à visage humain. Si l'homme est l'héritier d'une longue tradition d'efforts et de sacrifices, il a par conséquent l'obligation de forger chaque jour son destin, ce qui suppose qu'il puisse parfois entrer en conflit, de par son génie et sa hardiesse, avec un univers à la fois ami et hostile. Il est surtout invité à assurer son autonomie et ses préférences, à être pleinement lui-même. Chaque peuple a le devoir de s'aimer et de se préférer, non par égoïsme mais par respect de ses singularités qui ont été inscrites de façon imprescriptible dans la Création, multiple dans ses formes et ses expressions. La liberté, ce n'est pas de se vouloir semblable, mais différent. Ce n'est pas d'aspirer à ce que l'autre me ressemble mais à ce que l'autre soit. Ce n'est pas entrer en opposition mais en compréhension, ce n'est pas se refuser mais s'accepter, point se nier mais se re -connaître, point se confondre mais s'identifier.
Alors ressaisissons-nous et posons sur l'avenir un regard positif ! L'homme a en lui des ressources insoupçonnées, la nature également. Alors, réapprenons à aimer la terre, à soigner les arbres, à ménager l'eau, à respecter ce et ceux qui nous entourent. Bien plus, il est désormais impératif de revenir à nos champs, à nos sources, à nos forêts, à nos vergers, car c'en est trop de la jachère, de la pollution, de l'abattage aveugle. Le temps est venu de préparer les prochaines cueillettes, les futures moissons, si nous ne voulons pas être exposés un jour au fléau le plus redoutable qui soit : la famine. Car la technique ne résoudra pas tout, et si nous n'y prenons garde les céréales, le bétail, l'eau, les fruits viendront à manquer. La Grande-Bretagne semble être l'une des premières à s'investir à nouveau dans le domaine agricole, invitant les hommes - qui ont de moins en moins de travail à l'usine, au fur et à mesure que la technique progresse - à réhabiliter ce beau et vieux métier de paysan.
Verrons-nous enfin nos campagnes revivre, ployer sous le vent l'or des orges et des blés, pâturer les troupeaux de boeufs et d'agneaux, renaître nos chemins creux, se quadriller de haies nos vallons et nos collines, revenir à la vie des milliers d'hectares condamnés au désert ? Quel bonheur ce serait ! L'homme reprenant le pas de l'homme, les poissons repeuplant nos étangs et nos mers, les forêts redevenant les poumons de notre vieux monde essoufflé, au bord de l'asphyxie. Oui, quel bonheur !
Nous redeviendrions les enfants d'une terre généreuse, nous reprendrions goût à manger les légumes et les fruits de jardins cultivés sans engrais chimiques et à oeuvrer pour nourrir ces autres que nous avions fini par ne plus voir à force de ne plus rien partager. Il est si vrai que nourrir autrui, c'est apprendre à l'aimer ! Tout va de pair. Autour d'une table, on s'assemble. La table est le lieu du festin. N'est-ce pas évident ? Agape: repas pris en commun et Agapé ( du grec ancien ) : amour, affection. Tout est dit. Qui aime la terre aime ses frères. La solution à nombre de nos désillusions est peut-être simplement et naturellement là.
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