Sorority Row
Réalisation: Stewart Hendler
Scénario: Josh Stolberg, Pete Goldfinger
Avec: Briana Evans, Jamie Chung, Leah Pipes, Rumer Willis, Margot Harshman, Carrie Fisher
Résumé : Au cours d’un canular stupide orchestré pour piéger le petit ami infidèle de l’une d’entre elles, des étudiantes membres d’une sororité tuent accidentellement leur amie. Afin d’éviter de ruiner leur avenir, elles décident de cacher le cadavre et de garder le secret. Quelques mois plus tard, elles commencent à recevoir des sms de menaces provenant du téléphone portable de la disparue. Serait-elle revenue d’entre les morts pour se venger ?
Autant le dire tout de suite, ce remake d’un petit slasher des années 80 n’a pas grand-chose à voir avec son modèle. Sorority Row version 2009 ne reprend en effet de l’original que le lieu principal de l’action (la maison d’une sororité) et l’idée de base de la blague stupide qui tourne mal. Le reste est entièrement différent, de l’identité de la victime de la blague jusqu’à celle du tueur, en passant par l’enchainement des événements. A vrai dire, le plus bizarre dans ce film, c’est qu’il a l’air d’être le remake d’un tout autre slasher, beaucoup plus récent celui-là, le célèbre Souviens-toi l’Eté dernier. Difficile en effet de ne pas penser au film écrit par un Kevin Williamson alors en pleine gloire : même idée du cadavre caché et du secret partagé pendant plusieurs mois par les responsables de l’accident, même modus operandi du tueur (il terrifie ses victimes avec des messages envoyés par sms avant de s’en prendre à eux), même type de costume pour le tueur (un ciré de pêcheur dans Souviens-toi l’été dernier, une robe de graduation ici) et surtout même type d’arme (on troque le crochet contre un démonte pneu « amélioré »). La sensation de déjà vu est donc prégnante tout le long du film, d’autant plus que l’héroïne est bien entendu la gentille fille qui préférait appeler la police plutôt que de cacher le cadavre.
Sorority Row s’en sort tout de même honorablement, grâce à quelques meurtres inventifs et sanglants (la bouteille enfoncée dans la gorge, la fusée de détresse dans la bouche). Moins jouissif que le récent My Bloody Valentine de Patrick Lussier, le film reste tout de même très fun, malgré (ou peut-être grâce à) ses personnages crétins et ses dialogues débiles. Le casting est principalement composé de jeunes actrices peu connues (mis à part Rumer Willis, fille de) : Briana Evigan (S. Darko), Jamie Chung (Chi Chi dans le pitoyable Dragon Ball Evolution, et bientôt dans Sucker Punch de Zack Snyder), et Margot Harshman (une tripotée de DTV). Mention spéciale à Leah Pipes dans le rôle de la garce de service, un personnage jubilatoire qui n’ouvre la bouche que pour sortir des saloperies. On aura aussi plaisir à retrouver Carrie Fisher dans le rôle de la gérante de la sororité, un rôle « badass » lui permettant de manier le fusil à pompe de façon tout a fait convaincante !
Sans être d’une originalité folle, Sorority Row est un slasher correct, certes très crétin (la solution du whodunit est d’une stupidité rare) mais fun et parfois assez jouissif.
Note: 5/10
End of the Line
Réalisation: Maurice Devereaux
Scénario: Maurice Devereaux
Avec: Ilona Elkin, Nicolas Wright
Résumé : Les passagers d’un métro de nuit sont soudainement attaqués par une bande de fanatiques religieux prétendant les « sauver » en les assassinant sauvagement. Un petit groupe de survivants parvient à s’échapper et tente de remonter à la surface par les tunnels, poursuivi par leurs assaillants…
Mis à part le grand David Cronenberg, le Canada ne compte que très peu de réalisateurs de genre connus en dehors des frontières du pays. Le réalisateur Maurice Devereaux fait partie des rares personnages à avoir réussi à se faire connaitre mondialement, notamment grâce au très sympathique bien que vite oublié $LA$HER$, critique virulente de la télé réalité. Cinq ans après cette petite réussite, Devereaux revient avec un nouveau film d’horreur à petit budget, End of the Line. Et cette fois, le réalisateur s’attaque à un sujet qui lui tient particulièrement à cœur, le fanatisme religieux.
Et il faut avouer que de ce côté-là, il ne fait pas les choses à moitié. La charge est virulente, parfois maladroite, mais touche souvent juste. Devereaux pointe du doigt la plupart des dérives des institutions religieuses et autres sectes : abandon du libre arbitre au profit de la croyance aveugle en un être suprême et/ou un leader charismatique, répression de la sexualité conduisant à des comportements déviants, rejet des personnes n’ayant pas les mêmes croyances, embrigadement des enfants… Ces critiques, Devereaux les place au sein d’une histoire originale (c’est assez rare pour mériter d’être souligné) et sans temps mort. Le réalisateur tire parfaitement parti de son décor unique, et arrive à nous faire croire à cette apocalypse à l’échelle du pays, sans pour autant avoir à quitter les couloirs du métro. Un joli petit tour de force.
Le gros défaut du film vient cependant de l’interprétation assez médiocre de l’ensemble du casting. Les acteurs cabotinent énormément, et si ce n’est pas très grave dans le cas des membres de la secte, cela devient carrément gênant dans le cas des autres personnages. Un problème majeur qui empêche quelque peu de réellement pénétrer dans le film.
Petit coup de gueule en passant sur la qualité plus que médiocre des sous-titres du DVD fourni avec Mad Movies. Ceux-ci sont en effet bourrés de fautes d’orthographe, d’approximations dans la traduction, voire de contresens flagrants : « I think he’s not gonna make it. », soit « Je pense qu’il ne va pas s’en sortir. » traduit sur le DVD par « Lui, c’est un vrai psychopathe ». A se demander si les traducteurs ont fait des études d’anglais…
Mis à part ces quelques désagréments, End of the Line est une série B à très petit budget tout à fait recommandable.
Note : 6/10
Kontroll
Réalisation: Nimród Antal
Scénario: Nimród Antal, Jim Adler
Avec: Sándor Csányi, Zoltán Mucsi, Csaba Pindroch, Sándor Badár, Zsolt Nagy, Bence Mátyássy
Résumé : Le quotidien d’une équipe de contrôleurs dans le métro de Budapest, entre l’agressivité des passagers, les rivalités entre équipes, et la présence d’un mystérieux tueur qui s’amuse à pousser des passagers sur les rails…
On reste dans le thème du métro avec l’excellent premier film de Nimród Antal, réalisateur du très sympathique Motel (et du futur Predators). Pour son premier essai, Antal s’intéresse au quotidien d’une équipe de contrôleurs du métro de Budapest. Il dresse ainsi une galerie de personnages hauts en couleurs, tous plus tarés et attachants les uns que les autres. Il y a tout d’abord Bulcsú (Sándor Csányi), le héros du film, un jeune homme perturbé qui passe ses journées et ses nuits à errer dans les couloirs du métro. A ses côtés, une équipe un peu bizarre composée du Professeur (Zoltán Mucsi), un vieil homme donneur de leçons, de Muki, un homme colérique et atteint de narcolepsie, de Lecsó (Sándor Badár) et enfin de Tibi (Zsolt Nagy), le bleu de la bande. Antal suit cette équipe hétéroclite dans ses tournées quotidiennes, construisant son film sous forme de saynètes pleines de vie, et souvent très amusantes. Les confrontations entre les contrôleurs et les passagers sont souvent explosives, les héros croisant nombre de personnages tout aussi étranges qu’eux : un ado s’amusant à leur lancer des défis en les aspergeant de mousse à raser, une jeune fille déguisée en ours en peluche, un macro et ses putes, et surtout un mystérieux serial killer prenant son pied en balançant des passagers sur les rails. La première moitié du film est ainsi très rythmée, supportée par une excellente bande son pop, et n’est pas sans évoquer les premiers films de Danny Boyle.
Dans sa seconde moitié, le film prend une tournure différente, à mesure que le réalisateur fait pénétrer le spectateur dans l’univers mental de Bulcsú. L’atmosphère devient plus pesante, les couloirs du métro plus menaçants, et le film prend une teinte onirique étonnante (dans le rêve du héros, mais aussi lors de son repas avec un conducteur dans un des wagons, ou dans la surréaliste soirée costumée). Antal brouille les pistes, faisant douter de l’existence du serial killer et de la santé mentale de Bulcsú, avant de terminer son film sur une magistrale course-poursuite mortelle sur les rails du métro, ultime lutte du Bien contre le Mal, d’un homme contre ses démons. Antal achève son film sur une magnifique image d’une homme enfin apaisé et capable de retrouver le monde réel, tout en laissant la porte ouverte à diverses interprétations.
Un film étonnant, qui laisse augurer du meilleur pour la suite de la carrière d’Antal. Predators est définitivement entre de bonnes mains…
Note : 7.5/10
Mum and Dad
Réalisation: Steven Sheil
Scénario: Steven Sheil
Avec: Perry Benson, Dido Miles, Olga Fedori, Ainsley Howard, Toby alexander, Micaiah Dring, Mark Devenport
Résumé : Lena, une jeune femme de ménage polonaise, travaille à l’aéroport d’Heathrow. Fraichement embauchée, elle se lie rapidement d’amitié avec Birdie, une jeune fille bavarde et un peu excentrique. Lorsque Lena loupe par sa faute son bus pour rentrer, Birdie lui propose de demander à son père de la ramener. Lena accepte et suit Birdie jusqu’à sa maison. Malheureusement pour elle, elle vient de tomber dans un piège, et va être intégrée de force à cette bizarre famille sur laquelle « Mum » et « Dad » règnent…
Parallèlement à la vague de comédies horrifiques initiée par Shaun of the Dead, le Royaume-Uni continue de proposer des films d’horreur éclectiques et touchant à tous les genres. Avec Mum and Dad, le jeune réalisateur Steven Sheil emballe un mix de survival et de torture porn assez étrange.
Le film n’est pas totalement mauvais, mais souffre cependant de maladresses qui empêchent de réellement se sentir impliqué. Micro budget oblige, le film de Sheil se déroule dans un décor quasi unique, la maison de Mum et Dad. Sheil exploite parfaitement ce décor pour créer dès le début une ambiance glauque et étouffante, qu’il ne parvient malheureusement pas à maintenir sur toute la durée du long métrage. La faute à des effets grandiloquents qui se voudraient malsains pour choquer le spectateur, mais ruinent au contraire la crédibilité. On pense par exemple à la masturbation de Dad dans un morceau de chair humaine, ou au porno diffusé dans la cuisine au petit déjeuner. L’aspect torture psychologique du film est donc carrément raté, vu qu’on a du mal à croire à cette « famille » créée de toutes pièces et à la façon dont les « enfants » sont intégrés à celle-ci. On est très loin du tétanisant The Girl next Door qui arrivait à impliquer totalement le spectateur sans céder au voyeurisme ni aux effets faciles. Mum and Dad se voudrait choquant et dérangeant, mais on passe plus de temps à s’énerver devant les tentatives débiles de l’héroïne pour s’échapper qu’à trembler pour elle. Les scènes les plus réussies du métrage restent toutefois celles impliquant la « famille » au complet. Sheil parvient à toujours instaurer un sentiment de malaise diffus dans ces scènes a priori banales, mais pouvant déraper à tout instant.
Les acteurs sont plutôt crédibles, notamment Perry Benson dans le rôle de Dad, véritable ogre de conte de fée (il punit au sens propre les enfants pas sages), au physique banal et à la bonhomie apparente cachant un monstre sans cœur. Les scènes dans lesquelles il s’énerve font monter significativement la tension, et la menace permanente de ses foudres pèse constamment sur l’héroïne. Dido Miles, qui incarne Mum, apporte un certain charme vénéneux à son personnage de sadique aimant torturer ses enfants « adoptifs ». Le reste du casting est un peu moins brillant, mais apporte une interprétation correcte au film.
Mum and Dad ne réussit donc pas vraiment dans son objectif de choquer le spectateur. Il n’en reste pas moins intéressant pour un premier film et doit être visionné pour l’interprétation hallucinée de Perry Benson.
Note : 5/10