Magazine High tech

Faut-il Investir dans les nouvelles technologies pour les médias ?

Publié le 03 octobre 2009 par Igrec

Le 23 septembre dernier, Leonardo Ventures organisait au Cercle de l’Union  Interallié  un forum destiné aux investisseurs  sur le thème des  Nouveaux Médias. Une table ronde prestigieuse a  été réunie à cette occasion.  On pouvait noter la présence de : Jean-Marie Colombani, Cofondateur et Président de Slate.fr , Pierre de Fouquet, Managing Partner d’Iris Capital Management, Eddie Misrahi, Président d’Apax Partners MidMarket, Francis Morel, Directeur Général du  Figaro, Bruno Patino, Directeur Général France Culture, Didier Quillot, Président du Directoire de Lagardère Active, Eric Schettini, Cofondateur et Président Viveris Management, Eric Tong Cuong, Cofondateur et Président de La Chose SAS  et Alain Weill, Président de NextRadio TV.  Un plateau donc prestigieux animé par Jean Rognetta, Journaliste à Capital Finance (Groupe les Echos) sur un thème qui colle à l’actualité au regard des restructurations en cours dans les médias : restructuration annoncée au Parisien, en cours dans la presse gratuite, dans la presse news c’est le groupe Belge Roularta, propriétaire de l’Express, qui a annoncé une restructuration mais aussi dans la presse professionnelle comme au sein du groupe Moniteur et du groupe Tests (NextRadioTV).  Un sujet donc bien d’actualité d’autant que de l’avis même de tous les participants à cette table ronde, l’année publicitaire  2009 a été une année « annus horribilis ». Selon différentes sources, le marché publicitaire français va chuter de plus 10 %  avec des baisses importantes d’investissements dans tous les domaines (Presse, Radio, TV) mais aussi Internet. Quant aux perspectives 2010 aucun organisme de prévisions et d’études sur les médias ne s’aventure à faire des pronostics optimistes. Comme en économie, on évoque une reprise molle.

Les anciens contre les nouveaux  ou le payant contre le gratuit sur Internet

Ce n’était pas forcément le sujet principal de ce forum,   mais les débats ont débuté autour de ce thème. Interrogé sur la question,  Jean-Marie Colombani a bien  voulu avouer  avoir été le témoin de cette querelle au sein du journal Le Monde  et de la  transformation très rapide  du marché. Il semble en avoir tiré  des conclusions, comme en témoigne aujourd’hui son engagement en faveur d’Internet et du concept  d’information américain de Slate.fr.  Toujours sur ce thème de la querelle entre les anciens et les nouveaux, ce sont les éditeurs qui se sont exprimés les premiers. Les grands éditeurs présents comme Largadère Active, NextRadioTV (propriétaire de la Tribune) ou encore Le Figaro ont souhaité préciser que la crise actuelle du marché publicitaire et sans doute future imposait un nouveau modèle, notamment autour de l’Internet payant. Pour Alain Weill, Président de NextRadioTV :   « la presse quotidienne doit être payante sur Internet et, sans revenus payants, il semble illusoire de continuer à financer des rédactions de qualité ».  Pour le propriétaire de La Tribune,  « il faut avoir une vision de convergence et il y a la place pour un modèle payant sur Internet si cela s’accompagne de nouveaux services ».  Pour information, La Tribune lancera en Novembre une version numérique de son quotidien disponible chaque veille de parution pour 2 € par semaine.   De son coté, Didier Quillot, Président du Directoire de Largardère Active a souligné que la dématérialisation des usages sur les médias – à l’instar de la musique – imposait un modèle internet  hybride même si sa mise en place restait difficile.  Pour le Président de Lagardère Interactive, le modèle de l’Iphone est un modèle à  étudier. Sur ce point, le Directeur Général du Figaro exprimait un avis divergent et  semblait estimer  que le modèle smartphone n’était pas bon pour les éditeurs. Un  avis partagé par Bruno Patino, Directeur Général de France Culture et ancien responsable du site leMonde.fr. Pour lui, il faut détenir l’accès car Internet n’est pas gratuit aux yeux des consommateurs.  En revanche, le Directeur Général du Figaro était sur la même longueur d’onde que Didier Quillot en évoquant la nécessité de créer des contenus payants au sein des sites gratuits mais en soulignant aussi avec pragmatisme que l’on ne reviendrait pas en arrière.  En détaillant ses activités Internet, Francis Morel a évoqué la nécessité de se positionner sur les services payants comme les petites annonces qui représentent aujourd’hui 65 % de ses revenus totaux sur Internet au sein du Figaro. 

Le point de vue des nouveaux

Tout en soulignant la nécessité de créer de nouveaux services payants comme c’est le cas dans les salons virtuels au sein de  la revue professionnelle de l’Usine Nouvelle (Groupe ETAI), Eddie Misrahi, le Président d’Apax Partners MidMarket, en citant l’exemple de se loger.com (50 % de marge) évoquait  parallèlement la nécessité d’investir dans les nouveaux médias qui génèrent des marges. Un avis partagé sans doute par toute la communauté des investisseurs présente dans la salle. Pour les nouveaux, notamment les investisseurs, les médias n’ont pas encore réussi leur mutation technologique. Pierre de Fouquet, Managing Partner d’Iris Capital, a évoqué subtilement la mutation d’Apple. Pour lui Apple, c’est certes l’Iphone mais aussi 3 milliards de revenus dans les contenus dont  30 % pour le créateur du Macintosh. Toujours pour les « nouveaux », la mutation des médias est inévitable.  Bruno Patino a notamment cité le cas de Burda en Allemagne qui lance un portail concurrent de Google. Les portails verticaux de contenu ont été d’ailleurs assez peu évoqués comme des solutions pour les éditeurs. Tout comme toutes les solutions technologiques qui permettraient d’offrir de nouveaux services d’informations agrégées aux éditeurs.

Investir dans les nouvelles technologies pour faire de nouveaux  médias ou directement dans les anciens 

 En expliquant qu’il fallait protéger les industries du contenu, Eric Tong Cuong, le Président de la Chose SAS, semblait redonner du baume au cœur des éditeurs sur le terrain de la protection des droits. Le procès en cours engagé en France par des éditeurs vis-à-vis de Google semble en témoigner. Néanmoins, la bataille parait perdue d’avance, ce procès risque de ne servir qu’à négocier a postériori. Selon lui, Google est actuellement un distributeur pas très efficace entre le contenu et les consommateurs, comme la distribution dans les années 70-80. D’où l’idée que les éditeurs doivent se réapproprier leur « pas de porte » et ne pas le laisser à Google. Une simple idée d’agence de communication ? Pas seulement !  Les nouvelles  technologies offrent la possibilité aux éditeurs  de contrôler ce fameux « pas de porte ».  Dès lors, d’un point de vue investisseur, la convergence est inévitable. Je partage cette vision et je crains que le seul volontarisme autour du payant ne soit pas suffisant, comme cela semblait être le consensus à la fin de cette table ronde. Dans cette querelle entre les nouveaux et les anciens, ce sont donc bien  les nouveaux qui risquent de l’emporter. A moins que les investisseurs ne préfèrent donner beaucoup de nouveaux moyens aux anciens. Ce n’est pourtant  pas la vocation du capital risque.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Igrec Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine