Je ne résiste pas à l’envie de relayer l’article de Sarkofrance, ici , concernant l’enrichissement d’uranium, par la France, et … pour les Iraniens.
C’est-y-pas formidable, cette affaire ?
Résumé des épisodes précédents :
Le méchant dictateur iranien a décidé, car fourbes sont les Perses, d’enrichir discrètement de l’uranium dans ses caves, histoire de transformer du plomb en or et de l’Israël en verre pilé.
La communauté internationale, essentiellement composée ici des quelques puissances ayant officiellement la maîtrise de la bombe atomique, à hydrogène et médiatique, a décidé que tout ceci ne sentait pas bon et qu’il fallait donc que l’Iran arrête bien vite ses expériences nauséabondes.
A ce sujet, le preux chevalier de la République Une Et Indivisible, grimpant sur son cheval âne poney, a clairement expliqué, la semaine dernière lors du G20 que vous comprenez mon petit Barack, ça peut pas se passer comme ça non non non et puis bon y’en a marre (enfin, en substance, hein).
Alors Obama, qui a effectivement vaguement senti un petit picotement au mollet quand le jeune chien fou est venu le lui mordiller agressivement, a vigoureusement secoué le bas de son pantalon et a bien fait avancer les choses en envoyant, diplomatiquement, le roquet dans le buisson de roses.
Pour cela, il a fait en sorte que l’uranium dont il est fiévreusement question soit finalement enrichi en France. Ce qui est politiquement très habile puisqu’alors, Sarkozy ne peut pas dire non et qu’ainsi, c’est la France qui, une nouvelle fois, va devoir se taper le travail relativement sale de fournir à un régime disons discutable de quoi réaliser du carburant pour ses centrales. Et si l’affaire tourne au vinaigre, il sera toujours temps de laisser les Français et les Iraniens se bouffer le nez en comptant les points. Malin, l’Amerloque.
En pratique, tout ce qui ressort essentiellement est l’incroyable différence entre les discours de façade, tenus pour la presse et le monde, et la réalité, plus discrète voire secrète, qui pousse les uns et les autres non seulement à négocier, mais à se filer de grandes claques dans le dos et s’entraider.
On sent que Mamoud, Nicolas et Barack, sur le coup, seraient bien aller manger un truc ensemble dans un petit troquet sympa si de bêtes questions protocolaires et une meute de journalistes ensommeillés ne les suivaient pas tout le temps.
Car comme le montrent les éléments fournis par Bakchich, si Sarkozy s’égosille en tribune pour fustiger les Iraniens et semble tancer vertement l’Américain pusillanime, en coulisse, tout ce petit monde s’est déjà entendu comme larrons en foire : les Iraniens se débrouillent pour montrer leur bonne volonté en matière de nucléaire militaire (par exemple avec un calendrier d’inspection) et de leur côté, les Français, décontractés de l’atome, enrichissent 1200 kilos d’uranium pour eux, ce qui permet de rentabiliser un réacteur de recherche médicale vendu par la France à Téhéran. Petite bise ici, signez-là, emballez, c’est pesé, il y a un peu plus mais ce n’est pas grave sachons vivre !
Dans ce beau tableau, on comprend alors que Clotilde Reiss va servir de variable d’ajustement. Un syndicat ou une association devrait s’indigner et monter au créneau, tiens.
Maintenant, les plus pointilleux d’entre vous vont se demander : oui, bon, c’est très bien tout ça, mais la cohérence dans tout ça ? Et la patine des ors de la République, elle n’en prend pas un coup ?
Bah. Soyons réalistes.
Depuis qu’il est au pouvoir, Sarkozy aura permis aux autres chefs d’états de paraître plus grands, plus calmes, plus intelligents. C’est déjà beaucoup.
Et plus le temps passe et plus on se rend compte que c’est d’ailleurs le maximum qu’on puisse attendre de notre représentation diplomatique et institutionnelle à l’étranger : le président s’est transformé en vendeur multicartes (et ne ramène des contrats, comme pour les Rafales au Brésil, qu’au prix de concessions ahurissantes) et les affaires étrangères font de plus en plus officine des coups tordus, affaires en coulisses et trafics douteux d’influence, d’armes ou d’autres joyeusetés terriblement françafricaines…
On peut toujours se consoler en se disant que tout ceci ne pourra plus durer encore très longtemps …