Mary Doria RUSSELL (1950-)
2059. Dès le prologue, on sait que l'expédition à destination de Rakhat, le premier monde extraterrestre jamais découvert, a été un désastre. Et que l'unique survivant de l'expédition, le père jésuite Emilio Sandoz, est accusé des crimes les plus odieux.
Voilà, le cadre est posé pour ce qui est à la fois un livre d’aventure intelligent et créatif. Mais il fait également oeuvre de poésie et produit au fil des pages une réflexion quasi théologique sur Dieu et ses relations avec l’homme.
On ne peut, en effet, qu’être séduit par la société extra-terrestre décrite par l’auteur, jusque dans ses moindres détails, mais toujours en finesse, avec une dose d’humour certaine et beaucoup de tendresse.
De plus, sous la soutane de ces jésuites, repose toujours un homme. C’est ce que l’auteur nous invite à redécouvrir, en côtoyant ses chercheurs aventuriers de Dieu. Le Moineau de Dieu est donc un roman d'âmes partagées entre le quotidien, le doute quant au rôle de Dieu et l'extase de la découverte d'une nouvelle création. Il n’est pourtant pas un roman théologique parce que la dure réalité de la planète Rakhat, une fois découverte, n'apporte pas la preuve ontologique, bien au contraire. En fait, il s'agit plutôt d'un roman tragique sur les rapports humains, sur le rapport intime de l'homme au divin, et sur le choc culturel qu'occasionne la rencontre de deux civilisations radicalement différentes.
Bref, ce roman est divinement génial. Une suite, commencée alors que Le Moineau de Dieu n'était même pas encore publié, se prolonge par un retour sur Rakhat. Intitulée «Children of God», celle-ci n'est pas encore parue en français. Mais que font les éditeurs ?).