Pietro De Paoli
Sous le nom de Monsignore Pietro De Paoli se cache une personnalité qui, en raison de sa position dans l'Église, ne désire pas révéler son nom.
L’auteur raconte comment en 2022, il devient le bras droit, le «porte flingue» de Giuseppe Lombardi qui deviendra la pape Thomas Ier après l’assassinat de son prédécesseur le pape Sylvestre. Thomas Ier bouscule nos représentations car, à la faveur des réformes d’un de ses prédécesseurs, il a été ordonné diacre tout en étant marié et père de 2 filles. Après une effroyable période de doute à la mort de sa femme, il subit les persécutions des Templiers, un groupe obscurantiste et sectaire qui commence à grandir au sein de l’église. Après milles aventures au cours desquelles il saura se forger des amitiés durables et sincères, il obtient le prix Nobel de la Paix pour avoir réussi à donner à Jérusalem un statut international qui lui permet d’échapper aux revendications partisanes des différentes religions ou factions en présence. Elu pape, Giuseppe renonce à la paternité spirituelle, affirmant qu’il n’est père que de ses filles et frère de toute humanité.
Au fil des pages émergent des propositions pour une réforme de l’Eglise : appel aux hommes mariés choisis par les paroisses pour exercer la fonction de curé, place des laïcs et des femmes dans l’Eglise, réforme du sacrement du mariage, appel de femmes laïques à la pourpre cardinalice sont quelques unes des évolutions envisagées... Ainsi les trois femmes laïques qui sont appelées à la pourpre cardinalice le sont pour « incarner les trois grands rôles des laïcs dans le monde moderne : la politique pour rendre ce monde plus juste, la théologie pour révéler au monde ce qui lui est caché, la charité pour que le monde sache qu’il a été aimé jusqu’au bout. »
De véritables réflexions théologiques sont aussi incluses au fil des pages. Par exemple, il est intéressant de s’interroger sur la « Théologie pauvre », sur le symbolisme de « la Tour » construite au fil du temps par les chrétiens et l’appel « prenons la route, cessons de monter vers le ciel, …, en lisant et relisant ce que nos pères ont su et connu de Dieu, inspirés par l’Esprit, mais en tenant que nous ne savons rien. »
Enfin presque à la fin, il y a aussi des pages étonnantes qui achèvent de conférer à ce livre son caractère étonnant : il s’agit des pages sur la sexualité, sur le mariage, sur l’homosexualité… L’auteur en parle comme des « OTNI », c'est-à-dire des Objets Théologiques Non Identifiés. Toutefois, au lieu de faire l’impasse que l’église a l’habitude de faire sur de tels sujets, il ose les aborder et proposer des pistes de solution, à la fois intelligentes et honorables.
Sur à la forme, l’écriture est alerte, dynamique et la composition de l’ensemble n’ennuie jamais au cours des 600 pages du roman. Les personnages principaux «existent» avec leur enthousiasme et leur contradiction, incarnant différents positionnements idéologiques, crédibles et attachants car ils sont enracinés dans le contexte religieux, culturel et politique de l’époque imaginée. La projection s’avère vraisemblable et on y croit sans aucune difficulté !
En conclusion, il faut lire «VATICAN 2035» deux fois : la première pour en épuiser les ressources du « thriller », pour connaître la fin de l’histoire…. et la deuxième pour en extraire les réflexions théologiques qui sont autant de perles d’espérance pour que l’Eglise s’ouvre au monde, qu’elle appartienne à tous les humains et pas seulement à ceux qui ont étés choisis pour la gouverner, qu’elle sache interroger la Tradition, non pas pour l’abolir mais pour l’accomplir.
Le roman de Pietro di Paolo apporte au monde, à un rythme qu’on ne peut arrêter une fois entrepris, l’image d’une église au visage ouvert et tolérant comme on n’ose plus en rêver. En fait, en prenant appuis sur de nombreuses questions d’actualités et le message d’amour du Christ, il rappelle que les prêtres ne sont pas là pour que le monde soit plus près de Dieu, mais pour offrir Dieu au monde.
C’est un livre superbe et étonnant à lire absolument !