Goncourt 2001), «Globalia», Jean-Christophe Rufin a été médecin, pionnier de l'action humanitaire «sans frontières». Il a été sollicité à plusieurs reprises pour mener des opérations secrètes, notamment dans le cadre de libération d'otages en Afrique et dans les Balkans. En créant une intrigue au croisement de la médecine et de l'espionnage, il explore deux mondes qu'il connaît de l'intérieur et qui ont de plus en plus de liens entre eux.
Au printemps 2005, en Pologne, Juliette, une jeune militante écologiste française, saccage un laboratoire d'expérimentation. À la fois sereine et excitée, elle libère des animaux de laboratoire, vole un flacon dans une armoire réfrigérée et tague les murs afin faire porter le chapeau de ce saccage à une association pour la protection des animaux.
Ce vandalisme apparemment innocent va, néanmoins, intéresser les Etats-Unis où un ex-dirigeant de la CIA, demande aux anciens agents Paul, médecin depuis dix ans et Kerry, psychologue, de reprendre du service à titre privé pour enquêter sur cet incident.
Depuis les territoires indiens d’Amérique jusqu’aux ghettos pour milliardaires sur le bord du lac Léman, cette affaire va les mener sur la piste de groupes écologistes radicaux extrêmement dangereux qui n'hésitent pas à pratiquer des raids destructeurs qui causeraient la mort de millions de personnes.
Si on en croit le FBI, l’écologie radicale constitue aujourd’hui, la deuxième source de terrorisme mondial. Jean-Christophe Rufin le démontre aisément en mettant l’accent sur la tentation totalitaire qui emporte une cause ou une idée lorsque ses promoteurs imaginent que son application forcée réglera tous les problèmes du monde. En effet, au travers du cheminement de Juliette, de Paul et Kerry, l’auteur nous initie à la "deep ecology", théorie qui considère que la population humaine devient une source de déséquilibre pour la Nature et il pose la question de la place de l'Homme sur la Terre et de sa responsabilité comme être conscient. L'écologie ainsi dénoncée considère l'Homme comme une simple entité numéraire à réguler par divers techniques issues de la doctrine malthusienne. Par contraste, l'écologie défendue par Jean-Christophe Rufin est une écologie qui permettrait à l'Homme de trouver sa juste place dans le respect des autres espèces et des ressources de la planète.
Sur la forme, on peut regretter que le scénario contienne de nombreuses facilités scénaristiques qui permettent un peu trop facilement de résoudre les énigmes. Le thriller dispose, en effet, de règles dans lesquelles l’auteur peine parfois un peu. On sent que ce n'est pas son domaine de prédilection.
Mais, mis à part quelques longueurs inutiles, le livre est remarquablement bien documenté et on sent que l’auteur a souhaité, à la fois, creuser son sujet et inciter le lecteur à se poser, eux-mêmes, des questions sur l’écologie.
En conclusion, Jean-Christophe Ruffin, par son expérience diplomatique et humanitaire décrit presque de l’intérieur les réseaux de l’espionnage et du terrorisme. De plus, l’auteur démontre une réelle volonté pédagogique qui incite le lecteur à ne pas rester simplement au niveau de l'action romanesque mais à pousser la réflexion un peu plus loin.
Au final, c'est un excellent roman qui pousse à réfléchir.