Plus tard, dans ma voiture, alors que je me rendais vers l’autoroute, un passage à niveau s’est fermé devant moi. J’attendais le passage du train, qui tardait à arriver. Un rapide regard vers l’horloge de la voiture et siège passager m’indiqua qu’il était l’heure de prendre mon goûter. J’attrape alors le sac en papier dans lequel la boulangère a emballé avec délicatesse ma brioche. A l’ouverture, je m’aperçois que rien n’a changé, il a toujours la même texture et la même odeur qu’il y a quelques années. J’ouvre la bouche, et je croque généreusement dedans. Je ferme les yeux, et savoure l’instant et le gâteau.
Le TER n’est toujours pas passé. Négligemment, je regarde dans mon rétroviseur la voiture derrière moi. Un homme, en costume cravate, attend aussi le passage du train. Sauf que lui ne mange pas. Il a l’air occupé à tout autre chose. Je fronce les sourcils, réflexe idiot qui nous permet de mieux voir. Et en effet, cela confirme mes doutes : l’homme en costume cravate est bel et bien en train de récurer sa narine gauche. Mais visiblement, sa proie a l’air plus coriace que prévue, car il passe de l’index à l’auriculaire avec véhémence afin de la décrocher. Je comprends assez vite que sa victime a été capturée quand je vois le doigt passer du nez vers la bouche.
Un peu écœurée, je repose mes yeux vers le train qui passe. La barrière s’ouvre, je continue ma route. Mon appétit est coupé. Je ne regarde plus mes raisins secs de la même manière…
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