Dans l’affaire du meurtre de l’Essone, le suspect, qui a avoué le meurtre, a en effet été condamné à 11 ans de réclusion criminelle pour la séquestration et le viol d’une mineure en 2002. Il avait bénéficié d’une libération conditionnelle le 5 mars 2007.
Quand Michèle Alliot-Marie, déclare “qu’il n’y a pas eu de dysfonctionnement de la justice” mais “une insuffisance des mesures de suivi […] due essentiellement au fait que la cour d’assises ne les a pas prévues”, il ne s’agit pas d’une différence de fond avec son collègue de la place Beauveau. Juste une bataille de boutiquiers qui tentent de se repasser la patate chaude.
Une nouvelle fois une partie de la classe politique préfère accuser les juges plutôt que d’assumer ses propres défaillances notamment en termes de moyens financiers alloués au fonctionnement ordinaire de la justice. Pauvre justice, submergée par les dossiers, à laquelle on demande d’enfermer toujours plus dans des prisons délabrées, cloaques de la république, dénoncées pour leur état et leur surpeuplement à longueur de rapports.
Il est “scandaleux” de s’en prendre ainsi à des magistrats qui ont “appliqué la loi” a déclaré Christophe Régnard, président de l’Union syndicale des magistrats. Il aurait pu tout aussi bien évoquer les multiples circulaires adressées à répétition par la précédente garde des Sceaux en faveur de l’aménagement des peines dans le but de vider les prisons.
Peu importe la réalité des chiffres. L’émotion éphémère doit prendre le dessus. La Ligue des droits de l’homme a beau rappeler que “le taux de récidive est cinq fois plus élevé chez les condamnés qui ont subi en prison la totalité de leur peine que chez ceux ayant fait l’objet d’une libération conditionnelle“, la majorité présidentielle estime avoir trouver LA solution. La castration chimique étape peut être dans leur esprit avant une légalisation du lynchage physique, le médiatique étant déjà pratiqué.
Car c’est bien une justice de cow-boy que l’UMP propose. Expéditive à l’image de Frédéric Lefebvre, qui en fidèle voix de son maître s’interrogeait dès hier : “Ne doit-on pas enfin décider la mise en œuvre de la castration chimique pour ce type d’individu ?”, avant de juger nécessaire de “tirer les conséquences immédiates en termes de responsabilité et de modification de la loi“.
Des propos qualifiés de “déplorables” et “d’indécents” par Benoît Hamon (PS) qui voit dans ces réactions “la dérive de ce pays et de ce gouvernement en matière sécuritaire“. Une appréciation partagée par Daniel Ruiz éditorialiste dans La Montagne : “(…) l’hyper-réactivité qui culpabilise ceux qui sont en charge de l’ordre public n’atténue pas la douleur. Elle ne masque que provisoirement les limites d’un discours politique sécuritaire quotidiennement mis à mal par les événements et les statistiques.”
Le respect des victimes et de leur famille vaut mieux que des réflexes de horde. Il consisterait en l’ouverture d’un vrai débat mené sans chronomètre, hors de toute passion, et de tout opportunisme de circonstance.
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