L'affaire Polanski dans "Le Monde"

Publié le 30 septembre 2009 par Sylvainrakotoarison

(dépêches)
http://www.lemonde.fr/cinema/article/2009/09/29/la-loi-est-la-meme-pour-les-artistes-et-les-citoyens_1246901_3476.html
http://www.lemonde.fr/opinions/chronique/2009/09/30/lettre-ouverte-a-monsieur-kouchner-et-monsieur-mitterrrand_1247376_3232.html
http://www.lemonde.fr/opinions/reactions/2009/09/30/lettre-ouverte-a-monsieur-kouchner-et-monsieur-mitterrrand_1247376_3232.html
Chronique d'abonnés
Lettre ouverte à Monsieur Kouchner et Monsieur Mitterrand
par Manu A, Invalide sans profession.
30.09.09
Vos prises de position au sujet de l'affaire Polanski me forcent à venir à vous. En 1989, il y a donc 20 ans de cela, je me suis rendu coupable des mêmes faits que l'on reproche à Monsieur Polanski. Je croyais, moi aussi, que j'avais un rapport sexuel avec une adolescente de 14 ans consentante. Contrairement à votre pauvre cinéaste, j'ai attendu sagement la venue des gendarmes, puis je suis resté en cellule deux ans et demi, jusqu'à mon procès devant la Cour d'assises. Et, toujours en cellule, j'ai compté deux mille deux cent cinquante cinq (2255) jours avant d'être enfin élargi. Soit dit en passant, sans une seule permission de sortir préalable.
 
 
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Les faits Arrestation de Polanski : bataille judiciaire en vue
Le fait est que la prison, le procès et la psychanalyse aidant, j'ai fini par saisir une subtilité qui jusque là m'avait échappé et qui, je l'avoue, était sinon à l'origine de mon acte, tout du moins un élément déclencheur de ce que j'infligeais à ma victime. Comme j'ai pu constater, suite à l'affaire Polanski, que cette subtilité vous échappe à tous deux, je m'empresse de vous en faire part. J'ai appris à mes dépends, mais aussi et surtout aux dépends de celle à qui j'ai fait tant de mal, qu'une gamine de 13 ans ne peut en aucun cas donner son consentement pour une relation sexuelle avec un adulte. Je le répète, il est impossible qu'elle donne son consentement, y compris lorsqu'elle est explicitement demandeuse, c'est vous dire combien certains font fausse route et pourquoi je fus très justement condamné pour viol. Si vous me demandiez la raison de cette impossibilité, je vous répondrais ce par quoi je commençais ce paragraphe. D'où, Messieurs les ministres, la nécessité de répondre de ses actes devant la justice, devant la victime et de les revoir, les mâcher, les ruminer, jour après jour, nuit après nuit. Tout cela bien sûr dans la douleur, les larmes, la contrainte, l'humiliation, la honte et la solitude de la prison. Travail qu'on ne peut nullement réaliser dans le strass et les paillettes. Travail que vous, Messieurs les ministres et tous ceux qui protègent Polanski depuis si longtemps, l'avez empêché de réaliser.
Voilà pourquoi cette affaire lève un tel tollé parmi les gens communs, et voilà la raison du décalage abyssal qu'il y a entre l'opinion du petit peuple, dont je suis, et vous et vos amis intellectuels : parce que vous vous dressez comme un seul homme contre ce que nous enseigne toute notre civilisation - excusez du peu !
Vous, Messieurs, voilà que tout d'un coup, vous nous crachez que l'homme ne doit nullement faire amende honorable, ni redresser son chemin. Et vous voilà, soudain, la bouche pleine de ses pitoyables excuses que l'on entend si souvent dans la bouche de tristes individus, dont j'étais, plus proches de l'animalité que de ce à quoi ferait penser leur silhouette: "Elle était consentante, elle paraissait vingt ans, il y a si longtemps" Vous, ministres et intellectuels, vous n'avez loupé aucune de ces bestialités, plus l'insulte faite à tous ceux qui purgent leur peine dans la promiscuité, le silence et l'oubli de nos prisons.
Mais il y a pire. Les faits dont je me suis rendu coupable, je les ai commis en 1989, il y a donc vingt bonnes années. Personnellement, j'ai assumé, j'ai payé et j'ai même payé un second crime que je n'avais pas commis et puis surtout, j'ai réalisé l'infinie gravité de mes actes. Et si je n'ai jamais eu droit au pardon, j'ai en revanche eu droit à l'oubli... Jusqu'en février dernier. Car voilà qu'en février 2009, donc vingt ans après, ces messieurs en uniforme sont venus me notifier que dorénavant j'héritais d'une nouvelle punition qui consiste à devoir me rendre deux fois par an dans leurs locaux pour leur confirmer mon adresse. Vingt ans après Monsieur Kouchner ! Vingt ans après Monsieur Mitterrand ! Alors que j'ai tout assumé, payé et jamais récidivé. Alors qu'ils ont devant leurs yeux vingt longues années de non récidive. Et cette loi scélérate, c'est vous, Monsieur Kouchner, c'est vous, Monsieur Mitterrand, vous qui demandez à ce qu'on oublie un fugitif, c'est vous qui l'avez voulue et votée, quand pour Polanski "c'est si vieux, quel acharnement, méchants américains..."
Depuis février, je fais des cauchemars, depuis février, j'ai perdu ma paix et l'on m'a arraché à l'oubli, celui que la coutume ancestrale me concède. Depuis que vous m'avez infligé une nouvelle punition, vingt ans après les faits, ça va mal. Mais depuis trois jours, Messieurs les ministres, depuis que vous avez réagi pour Polanski, là vous m'avez mis la haine, j'ai perdu mon peu de sagesse. Vous m'avez empoisonné le sang. Je vous demande donc au nom du simple principe de cohérence de me faire enlever cette dernière punition aussi injuste que traumatisante. De lancer une pétition avec vos amis les intellectuels et autres cinéastes. Redonnez-moi mon droit à l'oubli, car moi, oui, j'y ai droit, j'ai fait plus juste que le "Pianiste" et son auteur : J'ai payé !
http://jprosen.blog.lemonde.fr/2009/10/01/justice-pour-roman-polanski-330/
01 octobre 2009
Justice pour Roman Polanski (330)
 La mobilisation a été immédiate pour sortir des griffes de la justice  américaine le talentueux réalisateur de cinéma interpellé en Suisse à la demande. Dès la nouvelle connue  la charge a été lancée par pas moins de deux ministres de la République  relayés par le ghotta français.
Il faut dire que les arguments ne manquent pas  : les faits sont anciens ; ils sont reconnus de longue date par leur auteur ; la victime a retiré sa plainte et demande qu’il n’y ait pas de poursuites. Elle a été indemnisée et souhaite aujourd’hui  légitiment tourner la page. Et puis l’homme par-delà ses qualités cinématographiques est sympathique. Il a connu un drame majeur avec  l’assassinat de sa femme ;  en son temps,  il a été pris à partie par l’intelligentsia américaine pour avoir osé aborder des questions taboues. Ajoutons qu’il a fui les USA après  que le juge en charge du dossier ait laissé à penser qu’il ne respecterait pas l’accord passé avec la justice.
Quelques voix (Luc Besson, Dany Cohn-Bendit, des parlementaires français) se sont depuis élevées pour dire que finalement il ne fallait pas se précipiter à pétitionner. Une association comme La fédération « La voix de l’enfant » s’est indignée de l’indignation  à travers sa présidente Martine Brousse!Quelques jours étant passés il devient p ossible de raisonner d’une manière plus rationnelle qu’émotive et de fonder une  attitude ,  sachant que chacun privilégiera tel ou tel argument.Quatre données me semblent devoir être rappelées dans la mesure où elles constituent le cadre incontournable du débat.
1° On l’oublierait presque, mais au sens juridique du terme le fait commis  et reconnu par Roman Polanski  - des relations sexuelles avec un enfant de moins de 15 ans - s’analyse en France comme un crime. Peu importe que l’intéressée ait « accepté » les relations. La loi pose une présomption : un enfant de moins de 15 ans en cette matière n’a pas de consentement libre face à un adulte. Et encore plus s’il y a eu administration de boisson alcoolisée ou de produits stupéfiants, mais sur ce point, il y a doute. Ne le retenons pas. Il y a déjà crime dans ce qui est reconnu. 2° Les faits ne sont pas prescrits aux USA et il n’est pas sûr qu’ils l’auraient été en France quand on sait qu’il y encore quelques mois un acte d’instruction avait lieu entre ministère public américain et avocats du cinéaste.
3° La victime n’est pas maitre du procès pénal. Bien sûr son positionnement est important. En France, elle peut accepter ou non que l’affaire aille devant un tribunal correctionnel plutôt que devant la cour d’assises ; elle peut  demander le huis clos ; elle peut et doit démontrer qu’elle a souffert d’un crime ou d’un délit, mais c’est au procureur de demander une peine au nom de la société. Le procureur agit au nom de la société avec le souci de faire respecter la loi par chacun et de faire comprendre aux futurs contrevenants potentiels qu’il ne laissera pas passer certains faits sans réagir.
4° Et enfin, l’intéressé avait depuis le temps largement la possibilité via ses avocats d’obtenir qu’une décision intervienne dans  cette affaire. A l’inverse il est difficile d’admettre que pourvu que l’on soit riche et connu plutôt pauvre et transparent, on puisse échapper à la justice en s’enfuyant et en vivant dans un autre pays.  La justice américaine  a fonctionné à son rythme, mais ce n’est pas au délinquant de lui en faire grief. Et en l’espèce l’argument développé par les avocats de M. Polanski ont fini par se retourner contre lui :
-          «  Vous avez trainé depuis des années à le faire arrêter ; preuve s’il en fallait que n’y teniez pas tant que cela ! »
-          « Qu’à cela ne tienne, vous allez voir si nous négligeons le problème ! »
On a vu …
 
Un accord d’extradition existe entre deux pays à la tradition démocratique bien installée qui sont de forts Etats de droit. Laissons la justice faire son office.  Le dossier de Roman Polanki est solide : il a reconnu au moins partiellement les faits ; la victime souhaite une solution apaisante ; elle dit avoir été indemnisée. Roman Polanski c’est le moins qu’on puisse dire n’a pas mal tourné depuis les faits. Les américains ne vont pas lui couper la tète et personne ne souhaite pour lui une peine de prison même s’il a commis aux yeux des américains une faute impardonnable : s’enfuir.
Et ce d’autant moins qu’apparemment le juge américain a lui-même à balayer devant sa porte.La page peut être tournée semble-il aisément. Plus que jamais Roman  Polanski devrait revendiquer qu’une réponse judiciaire définitive intervienne  rapidement. Il sera dit qu’il a commis à une certaine époque une faute grave  et reconnue  et que depuis il a su avoir une toute autre attitude. La victime maintiendra sa position et on peut penser qu’une décision symbolique clôturera cet épisode contestable.
Mais il n’est pas possible qu’il puisse être dit comme on l’a entendu que ces violences  supportées par la victime  constituent  une « banale affaire de mœurs ».Il n’est pas normal qu’il puisse être entendu – notamment par les plus fragiles que sont les jeunes -  que parce que l’homme est connu et remarquable il n’a pas à rendre des comptes. Pour le coup c’est la justice universelle qui serait mise à mal.
Là encore  on voit bien que la décision dépasse  les acteurs premiers de l’affaire et devrait amener à plus de prudence dans la réponse reflexe.PS  : Au passage que les admirateurs du système pénal américain réfléchissent à l’occasion de cette affaire médiatisée à ce qu’on est en train de nous importer en France !
01 octobre 2009 Publié Actualité, Cinéma, Justice, Droits des enfants, Enfants en danger, Violences, Police, Viol, Crimes, Polanski, Enfants violentés | Lien permanent | Alerter
http://www.lemonde.fr/cinema/article/2009/09/30/l-affaire-polanski-provoque-un-malaise-a-droite_1247341_3476.html#ens_id=1245879
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3476,50-1247341,0.html
L'affaire Polanski provoque un malaise à droite
LEMONDE.FR | 30.09.09 | 16h28  •  Mis à jour le 30.09.09 | 16h38
près la vague de soutien apportée au cinéaste Roman Polanski, arrêté en Suisse, samedi 26 septembre, dans le cadre d'une affaire de viol sur une fille de 13 ans en 1977 aux Etats-Unis, quelques voix discordantes se font entendre depuis, notamment dans la majorité présidentielle. "Roman Polanski n'est ni au-dessus ni en-dessous des lois. Nous avons une procédure judiciaire en cours, pour une affaire grave, le viol d'une mineure, pour laquelle la justice américaine et la justice suisse font leur travail", a déclaré, mercredi, Luc Chatel, porte-parole du gouvernement. "De l'autre côté, nous avons l'émotion et on peut comprendre l'émotion qu'a suscitée cette arrestation tardive, plus de trente ans après les faits et la méthode de cette arrestation", a-t-il ajouté. Contacté par le Monde.fr, la secrétaire d'Etat chargée de la famille, Nadine Morano, elle, n'a pas souhaité s'exprimer sur la question.
 
Les déclarations de deux ministres sont notamment en cause. Dès dimanche, le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, avait qualifié d'"absolument épouvantable" l'arrestation du cinéaste "pour une histoire ancienne qui n'a pas vraiment de sens". Lundi 28 septembre, c'était au tour du chef de la diplomatie Bernard Kouchner de demander sa libération à la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.
A la suite de ces prises de position, l'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit (Verts) a rappelé qu'"il y a eu viol sur une jeune fille de 13 ans (...). C'est un problème de justice et je trouve qu'un ministre de la culture, même s'il s'appelle Mitterrand, devrait dire : j'attends de voir les dossiers".
A droite, ce soutien fait également grincer des dents. Pour Christian Vanneste, député UMP du Nord, Frédéric Mitterrand s'est comporté "davantage comme porte-parole du microcosme médiatico-mondain que comme ministre de la République". "J'ai été surpris, comme beaucoup de Français, des déclarations, un peu rapides, de deux ministres vis-à-vis de la justice suisse et la justice américaine", a également déclaré le député UMP de Maine-et-Loire Marc Laffineur. Sa collègue de l'Yonne, Marie-Louise Fort, auteur d'un texte sur la lutte contre l'inceste récemment voté à l'Assemblée, s'est dite "consternée par le soutien qu'apportent un grand nombre de responsables institutionnels et d'artistes à Roman Polanski". Quant au président du FN, Jean-Marie Le Pen, il est allé jusqu'à demander la démission des deux ministres.
Eric Nunès avec AFP
http://www.lemonde.fr/cinema/article/2009/09/29/la-loi-est-la-meme-pour-les-artistes-et-les-citoyens_1246901_3476.html#ens_id=1245879
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3476,50-1246901,0.html
"La loi est la même pour les artistes et les citoyens"
LEMONDE.FR | 29.09.09 | 19h58  •  Mis à jour le 29.09.09 | 20h29
ien connu des internautes pour ses explications juridiques, le blogueur Maitre Eolas, avocat au barreau de Paris, revient dans sa dernière note sur l'affaire Polanski.
En tant qu'avocat, quelle est votre position sur l'affaire Polanski ?
 
Personne ne conteste le génie de Roman Polanski mais la loi est la même pour les artistes et les citoyens, il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures. Il faut surtout penser à l'aspect social de la justice : pourquoi mes clients accepteraient d'assumer la responsabilité de leurs actes si une certaine catégorie de population ne subit pas le même traitement ?
Ses soutiens ont-ils tort d'invoquer la prescription ?
Absolument car cet argument est juridiquement faux. La prescription suppose une inaction. Tout nouvel acte fait repartir le délai à zéro. Or la justice californienne n'a jamais lâché l'affaire. Preuve en est, le mandat d'arrêt international émis en 2005. Et Polanski savait que l'affaire était encore en cours puisqu'il paie des avocats pour faire des recours et qu'il avoue lui même faire attention aux pays où il met les pieds. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il n'est même pas allé chercher son Oscar pour Le Pianiste en 2003 à Los Angeles. Bref, Roman Polanski a reconnu les faits et cherche à échapper à la justice depuis trente ans.
Que reprochez-vous aux artistes qui le soutiennent ?
On attaque un des leurs, les artistes le défendent : c'est du corporatisme. À l'inverse, lors des débats sur Hadopi, certains artistes réclamaient une sévérité impitoyable contre les téléchargeurs, quitte à bafouer un droit fondamental. Cela creuse le divorce entre les artistes et l'opinion publique. Je suis également en colère car ceux qui s'insurgent contre cette arrestation invoquent de mauvais arguments, ils ont tort juridiquement et moralement. Par exemple, lorsque le réalisateur Costa-Gavras affirme que la victime "avait 13 ans mais en paraissait 25", il enfonce Polanski plutôt qu'il ne le défend.
Vous taclez également le ministre de la culture Frédéric Mitterrand ?
C'est sa réaction qui m'a poussé à monter au créneau. Lorsqu'il parle d'une "certaine Amérique qui fait peur (...) qui vient de nous présenter son visage", c'est un énorme cliché. Sur cinq chefs d'accusation, la justice américaine n'en a gardé qu'un seul après un arrangement et une indemnisation de la victime. Ce n'est pas de l'acharnement, au contraire la justice américaine est attachée à l'égalité et ne regarde pas la qualité de l'accusé. J'ai l'impression que cela gêne Frédéric Mitterrand que les artistes ne soient pas au-dessus des lois tant ils sont bénéfiques à la société.
La pétition de la SACD, signée par de nombreux artistes, parle d'un "traquenard policier" et critique le fait qu'il ait été arrêté par surprise alors qu'il s'apprêtait à recevoir un prix.
C'est un peu le principe d'une arrestation que d'être effectuée par surprise, sinon, elle échoue... D'autres estiment qu'il ne pouvait pas s'en douter puisqu'il se rendait régulièrement en Suisse, dans sa maison à Gstaad. Cela n'a rien à voir car cette fois il venait recevoir un prix dans un festival, sa venue était annoncée dans tous les journaux. Et apparemment, la police lit le journal.
Recueilli par Dorian Chotard
http://www.lemonde.fr/culture/article/2009/09/27/les-gouvernements-francais-et-polonais-vont-demander-la-liberation-de-polanski_1245905_3246.html
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3246,50-1245905,0.html
Les gouvernements français et polonais vont demander la libération de Polanski
LEMONDE.FR avec AFP | 27.09.09 | 18h57  •  Mis à jour le 28.09.09 | 08h42
'est une arrestation "absolument épouvantable", "pour une histoire ancienne qui n'a pas vraiment de sens", a jugé dimanche Frédéric Mitterrand, le ministre de la culture et de la communication, quelques heures après l'arrestation du réalisateur Roman Polanski en Suisse.
Roman Polanski a été arrêté sur mandat d'arrêt américain, alors qu'il participait au Festival du film de Zurich. Le réalisateur de Chinatown et Rosemary's Baby a fui les Etats-Unis en 1978, après avoir plaidé coupable dans une affaire de mœurs. Il est accusé d'avoir eu une relation sexuelle avec une jeune fille de 13 ans.
 
"De le voir ainsi jeté en pâture pour une histoire ancienne qui n'a pas vraiment de sens et de le voir ainsi seul, emprisonné, alors qu'il se rendait à une manifestation où on allait lui rendre hommage, c'est-à-dire ainsi pris au piège, c'est absolument épouvantable", a estimé M. Mitterrand, qui a expliqué que Nicolas Sarkozy suivait le dossier de près. "On sait les conditions dans lesquelles c'est arrivé, et de la même manière qu'il y a une Amérique généreuse que nous aimons, il y aussi une certaine Amérique qui fait peur, et c'est cette Amérique là qui vient de nous présenter son visage", a-t-il ajouté.
Le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw Sikorski, a par ailleurs annoncé qu'il s'adresserait avec son homologue français Bernard Kouchner à la secrétaire d'Etat américaine Hilary Clinton "pour que la partie américaine demande à la Suisse de libérer Roman Polanski détenu en attente d'extradition, et pour qu'elle envisage la possibilité de recours au droit de grâce par le président Barack Obama". Le cinéaste d'origine polonaise, qui a passé son enfance dans le ghetto de Cracovie, a été naturalisé français en 1976.
http://www.lemonde.fr/cinema/article/2009/09/30/l-affaire-polanski-provoque-un-malaise-a-droite_1247341_3476.html
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3476,50-1247341,0.html
L'affaire Polanski provoque un malaise à droite
LEMONDE.FR | 30.09.09 | 16h28  •  Mis à jour le 30.09.09 | 16h38
près la vague de soutien apportée au cinéaste Roman Polanski, arrêté en Suisse, samedi 26 septembre, dans le cadre d'une affaire de viol sur une fille de 13 ans en 1977 aux Etats-Unis, quelques voix discordantes se font entendre depuis, notamment dans la majorité présidentielle. "Roman Polanski n'est ni au-dessus ni en-dessous des lois. Nous avons une procédure judiciaire en cours, pour une affaire grave, le viol d'une mineure, pour laquelle la justice américaine et la justice suisse font leur travail", a déclaré, mercredi, Luc Chatel, porte-parole du gouvernement. "De l'autre côté, nous avons l'émotion et on peut comprendre l'émotion qu'a suscitée cette arrestation tardive, plus de trente ans après les faits et la méthode de cette arrestation", a-t-il ajouté. Contacté par le Monde.fr, la secrétaire d'Etat chargée de la famille, Nadine Morano, elle, n'a pas souhaité s'exprimer sur la question.
 
Les déclarations de deux ministres sont notamment en cause. Dès dimanche, le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, avait qualifié d'"absolument épouvantable" l'arrestation du cinéaste "pour une histoire ancienne qui n'a pas vraiment de sens". Lundi 28 septembre, c'était au tour du chef de la diplomatie Bernard Kouchner de demander sa libération à la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.
A la suite de ces prises de position, l'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit (Verts) a rappelé qu'"il y a eu viol sur une jeune fille de 13 ans (...). C'est un problème de justice et je trouve qu'un ministre de la culture, même s'il s'appelle Mitterrand, devrait dire : j'attends de voir les dossiers".
A droite, ce soutien fait également grincer des dents. Pour Christian Vanneste, député UMP du Nord, Frédéric Mitterrand s'est comporté "davantage comme porte-parole du microcosme médiatico-mondain que comme ministre de la République". "J'ai été surpris, comme beaucoup de Français, des déclarations, un peu rapides, de deux ministres vis-à-vis de la justice suisse et la justice américaine", a également déclaré le député UMP de Maine-et-Loire Marc Laffineur. Sa collègue de l'Yonne, Marie-Louise Fort, auteur d'un texte sur la lutte contre l'inceste récemment voté à l'Assemblée, s'est dite "consternée par le soutien qu'apportent un grand nombre de responsables institutionnels et d'artistes à Roman Polanski". Quant au président du FN, Jean-Marie Le Pen, il est allé jusqu'à demander la démission des deux ministres.
Eric Nunès avec AFP
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/09/29/ne-jugez-pas-polanski-a-l-emporte-piece-par-alexandre-tylski_1246722_3232.html
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3232,50-1246722,0.html
Alexandre Tylski, auteur de "Roman Polanski, une signature cinématographique", éditions Aléas, 2008.
Ne jugez pas Polanski à l'emporte-pièce !, par Alexandre Tylski
LE MONDE | 29.09.09 | 14h31  •  Mis à jour le 29.09.09 | 15h25
inéastes, acteurs et producteurs français, polonais, italiens, espagnols et américains soutiennent d'une seule voix le doyen Roman Polanski, et son demi-siècle de carrière comme acteur et metteur en scène. Il ne s'agirait pourtant pas que cette émotion, si légitime, sincère et unanime soit-elle, fasse croire à un homme privilégié et immunisé de tout par sa notoriété et par son génie reconnu. Car c'est le contraire qui se produit hélas !
 
On ne peut ainsi que déplorer de lire et d'entendre dans les témoignages et les médias, en France et à l'étranger, un certain nombre de jugements à l'emporte-pièce faisant passer Polanski pour une star au-dessus des lois. On entend parler d'"inégalité", mais aussi de "viol" et de "fuite devant ses responsabilités", alors que l'homme a été condamné pour "relation illégale" et a purgé sa peine de prison. Il quitta les Etats-Unis face à la menace d'un deuxième procès mené par le seul juge Rittenband, ensuite démis de l'affaire à cause de ses dérives et excès de pouvoir.
ACHARNEMENT KAFKAÏEN
Tout le débat réside dans ces seuls constats. Or, dans le brouhaha médiatique, il est toujours difficile de garder la tête froide et d'évoquer simplement les faits. C'est une des vraies batailles concernant cette affaire. Rappelons donc ici deux constats qui se suffisent chacun.
D'abord, Samantha Geimer, l'ex-mannequin avec qui Polanski a eu une relation sexuelle en 1977 (alors qu'elle était âgée de 13 ans), a réclamé plusieurs fois, en vain, l'arrêt des poursuites contre lui. Ainsi, en dépit même de ces tentatives répétées, la machine à broyer ne s'éteint pas, tel un robot géant devenu incontrôlable. Qui plus est, et ce n'est pas rien, des vices de procédure ont été reconnus.
Ces deux seuls faits auraient dû mettre un terme à cette affaire qui perdure depuis trois décennies. Polanski a reconnu les faits, accepté de faire de la prison et a payé une amende de trente et un ans d'exil et d'humiliations publiques et médiatiques. Une sentence largement plus lourde que prévu. Que leur faut-il de plus ? Mais rien n'y fait, cet acharnement kafkaïen dont Polanski fait l'objet depuis les années 1960 se poursuit plus que jamais aujourd'hui avec la propagation massive de propos et d'actes déraisonnables, qui causent des dégâts et troublent la raison et le bon sens.
Le dernier long métrage de Roman Polanski, The Ghost, en salles en 2010, explore justement la recherche d'exactitude des faits, la résurgence des fantômes, mais aussi les coulisses et le pouvoir absolu de certaines administrations. Alors, lorsque quelques-uns réclament un énième procès, il faudrait d'abord leur parler simplement des faits et des procédés.
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Alexandre Tylski est universitaire (Toulouse-Le-Mirail), auteur de "Roman Polanski, une signature cinématographique", éditions Aléas, 2008.
 
Alexandre Tylski
Article paru dans l'édition du 30.09.09
http://www.lemonde.fr/cinema/article/2009/09/29/pour-les-etats-unis-polanski-c-est-trente-ans-de-cavale_1246741_3476.html#ens_id=1245879
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3476,50-1246741,0.html
Pour les Etats-Unis, Polanski, c'est trente ans de cavale...
LE MONDE | 29.09.09 | 16h19
e procureur du comté de Los Angeles, Steve Cooley, est déterminé à ce que le cinéaste Roman Polanski soit extradé de Suisse vers les Etats-Unis, pour y être jugé. Il l'a dit au Los Angeles Times, lundi 28 septembre. Le cinéaste a été arrêté à Zurich, le samedi 26 septembre, sur mandat d'arrêt américain. Il lui est reproché d'avoir eu des rapports sexuels avec une mineure de 13 ans, à Los Angeles, en 1977.
 
Steve Cooley, qui n'a pas la réputation d'être un tendre, estime que la peine provisoire, prononcée en 1977, était trop légère : Polanski avait plaidé coupable et fait 42 jours de prison. Mais, convaincu que le juge, décédé depuis, allait durcir sa position et qu'il pourrait se retrouver en prison de longues années, Polanski n'avait pas attendu le prononcé définitif de la peine et avait pris la fuite. Depuis il vivait en France.
Les services du procureur ont confirmé, le 28 septembre, qu'ils allaient demander l'extradition du cinéaste. Ils ont quarante jours pour le faire. Le procureur a ajouté que, depuis la fuite de Polanski des Etats-Unis, ses services n'étaient pas "restés passifs" et qu'ils ont tenté à plusieurs reprises de le faire arrêter lorsqu'il se trouvait dans un pays lié aux Etats-Unis par une convention d'extradition. Le bureau du procureur a même donné la liste des interventions infructueuses : mai 1978 à Londres, décembre 1986 au Canada, 1988 en Allemagne, au Danemark, en Suède et au Brésil. En juin 1994, une demande d'arrestation est faite à la France. En octobre 2005, alors que Polanski est en Thaïlande, un dossier est transmis à Interpol. Sans effet. En 2007, le cinéaste se rend en Israël. L'Etat hébreu demande un complément d'information au procureur de Los Angeles. Quand les documents arrivent, le cinéaste s'est envolé...
Dans une Amérique où sont fortement dénoncés "les crimes pédophiles", Hollywood n'a quasiment pas réagi depuis l'arrestation de Polanski. Aucun soutien n'est venu jusqu'ici des puissants syndicats de réalisateurs ou d'acteurs. Et les experts américains, tout en estimant que la procédure pourrait être très longue, ne voient pas comment Polanski pourrait échapper à la justice. Même si le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, a dit qu'il avait écrit à son homologue, Hillary Clinton, pour éviter cette extradition.
Le cinéaste, depuis sa prison suisse, s'est dit "très choqué mais combatif", faisant savoir, lundi 28 septembre, par l'intermédiaire de son avocat, Hervé Temime, qu'il refusait son extradition et qu'il allait faire une demande de mise en liberté. Le cinéaste s'est dit "touché" par le fort mouvement de sympathie en France, où une pétition de soutien dénonce un "traquenard policier" et "un acharnement". La seule voix culturelle discordante est celle du cinéaste et producteur Luc Besson, pour qui "il y a une justice, c'est la même pour tout le monde".
Claudine Mulard (avec AFP)
Article paru dans l'édition du 30.09.09
http://www.lemonde.fr/culture/article/2009/09/29/l-arrestation-de-polanski-suscitee-par-ses-avocats-americains_1246496_3246.html#ens_id=1245879
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3246,50-1246496,0.html
Arrestation de Polanski : bataille judiciaire en vue
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 29.09.09 | 10h34  •  Mis à jour le 29.09.09 | 11h34
'arrestation du cinéaste franco-polonais, samedi 26 septembre, à Zurich, n'en finit pas de susciter remous et hypothèses. Selon le Los Angeles Times, mardi 29 septembre, les avocats américains de Roman Polanski ont affirmé en juillet devant la Cour supérieure de Los Angeles qu'en trente ans, l'accusation n'avait jamais cherché à faire arrêter le réalisateur, preuve de sa faiblesse. A l'aune de cet argument, les avocats américains de Polanski ont réclamé l'abandon des poursuites. "Depuis trente ans que M. Polanski a quitté la juridiction, le bureau du procureur n'a pas essayé une seule fois de le faire extrader", déclaraient les avocats dans les documents présentés à la justice.
 
Ces remarques auraient poussé le bureau du procureur à chercher une occasion rapide d'arrêter le cinéaste, occasion toute trouvée en Suisse, qui a un traité d'extradition avec les Etats-Unis, selon une source proche du dossier citée par le quotidien californien. Une argumentation réfutée par le bureau du procureur, qui affirme au contraire que ses services avaient demandé à plusieurs reprises l'arrestation du réalisateur de Chinatown, la première fois au Royaume-Uni en 1978 et les dernières fois à la Thaïlande et à Israël en 2005 et 2007. Le procureur de Los Angeles a précisé qu'il demanderait son extradition, dans un délai de soixante jours.
"C'EST DEVENU UN FUGITIF"
Selon des analystes, si le cinéaste était extradé aux Etats-Unis, il pourrait essuyer les foudres de la justice californienne pour s'être enfui en France en 1978 afin d'échapper à une éventuelle peine de prison de cinquante ans pour affaire de mœurs. Le porte-parole de la Cour supérieure de Los Angeles a démenti lundi des informations de presse en France selon lesquelles le cinéaste ne serait pas inquiété pour avoir fui la justice américaine. "Absolument aucun engagement n'a été pris quant à la condamnation, si [Roman Polanski] devait revenir [aux Etats-Unis]. Rien n'est prédéterminé", a-t-il déclaré.
Laurie Levenson, professeure de droit à l'université Loyola, à Los Angeles, pense que la décision du cinéaste de s'enfuir pourrait compliquer le dénouement de l'affaire. "Le gros problème, c'est que Roman Polanski s'est échappé", a déclaré Mme Levenson sur la chaîne de télévision ABC7. "C'est devenu un fugitif. Du coup, l'accusation pourrait dire qu'il s'est moqué de la justice", a-t-elle ajouté. Le Los Angeles Times pointe mardi cet aspect de l'affaire dans un éditorial.
"TRÈS CHOQUÉ"
Le département d'Etat américain a refusé lundi de commenter l'affaire Polanski, soulignant que son rôle dans l'éventuelle extradition du cinéaste franco-polonais aux Etats-Unis serait simplement technique. "L'Etat de Californie a deux mois pour faire une demande formelle d'extradition, le rôle du département d'Etat sera simplement de vérifier que cette demande est compatible avec notre traité d'extradition avec la Suisse", a indiqué un porte-parole de la diplomatie américaine. Des experts américains estiment que la bataille judiciaire autour de l'extradition de Roman Polanski pourrait prendre des années.
Le réalisateur, âgé de 76 ans, a passé sa troisième nuit en prison. Arrêté à sa descente d'avion à Zurich, Polanski devait recevoir un prix pour l'ensemble de son œuvre au festival du film de la ville. Le cinéaste a été "très choqué" par sa détention en Suisse sur mandat d'arrêt américain, mais il est "combatif", a déclaré lundi Me Hervé Temime, son avocat. "Il a refusé d'être extradé, et nous sommes sur le point de demander, par l'intermédiaire de son avocat suisse, une demande de mise en liberté dont j'espère qu'elle sera examinée très rapidement", a précisé Me Temime. "Je veux tout faire pour qu'il puisse sortir le plus vite possible", a dit l'avocat, ajoutant : "Ce n'est pas du tout impossible au regard du droit helvétique, contrairement à ce que certains disent en Suisse." Le ministère de la justice helvétique s'est déclaré prêt à concéder à Roman Polanski la mise en résidence surveillée, sur engagement de sa part à ne pas quitter la Suisse.
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Hollywood peu mobilisé
Contrairement aux cinéastes européens, Hollywood ne s'est guère mobilisé jusqu'ici pour apporter publiquement son soutien à Roman Polanski. "Nous appelons tous les réalisateurs que nous pouvons pour essayer de corriger cette terrible situation", a déclaré le producteur Harvey Weinstein. Sa société avait participé l'an dernier à la distribution du documentaire Roman Polanski : wanted and desired. Mais ni le syndicat des réalisateurs, la Directors Guild ofAmerica, ni les acteurs américains célèbres qui ont joué dansles films de Polanski ne se sont encore exprimés sur le sujet. - (avec AFP)
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Daniel Cohn-Bendit évoque "un problème de justice"
L'eurodéputé Vert Daniel Cohn-Bendit a estimé, mardi 29 septembre, sur Europe 1, que l'affaire Polanski était un "problème de justice", dans la mesure où "il y a eu viol sur une jeune fille de 13 ans", en critiquant le soutien du ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, au réalisateur.
"C'est un problème de justice, et je trouve qu'un ministre de la culture, même s'il s'appelle Mitterrand, devrait dire : 'J'attends de voir les dossiers'", a ajouté l'ancien leader de Mai 68 prenant le contre-pied des nombreux soutiens en France apportés au réalisateur, y compris au sein du gouvernement et de la majorité. – (avec AFP)