Les Irlandais sont roux, bouffent des patates et se pintent à la bière. Accessoirement il leur arrive de faire sauter le pub du voisin au semtex et de voter pour ou contre le traité de Lisbonne. C’est justement ce qu’ils sont censés faire à l’heure où ces lignes sont écrites (voter et non poser des bombes). En Irlande c’est comme partout : il y a un temps pour la politique européenne et un temps pour les réjouissances populaires, explosives ou non.
La dernière fois qu’on leur a demandé leur avis ils ont répondu « non ». Ce n’était pas pour faire plaisir à Jean-Luc Mélenchon ou à Philippe de Villiers, c’était juste parce qu’ils ne voulaient pas aller casser du Taliban dans la cambrousse afghane ou être contraints d’autoriser les rouquines à avorter.
C’était aussi parce qu’ils ne voulaient pas que, sous couvert de spoliation d’harmonisation fiscale européenne, Bruxelles leur impose de taxer le (véritable) Irish stew à un taux aussi exorbitant que la (vraie) galette-saucisse.
Depuis que Sarko en personne leur a promis le contraire, il semblerait qu’ils aient changé d’avis et que, selon les sondages effectués dans les pubs du cru, le « oui » l’emporte. Evidemment il faut attendre les résultats définitifs pour faire péter la Guinness au Bar des Sports de Ploubalay en compagnie de Josette et de Marcel, car nul ne sait si les sondages en question ont été réalisés avant ou après le passage au pub des électeurs…
Quoiqu’il en soit si, comme attendu, le « oui » l’emportait ça serait Dublin qui sauve Lisbonne. De quoi faire plaisir à monsieur Barroso et la nique aux pourfendeurs de l’Europe ultralibérale, celle qui fait rien qu’à détruire les services publics et à pousser le petit personnel de France Télécom à des extrémités aussi suicidaires qu’indiscutablement fâcheuses.
« Restons Correct ! » n’a pas l’intention de casser l’ambiance ou de désespérer les plus europhiles de ses lecteurs mais, ce qu’il faut savoir, c’est que quelque soit le résultat irlandais la cause de l’intégration politique européenne est loin d’être gagnée. D’abord parce qu’il restera à convaincre les présidents tchèques et polonais de contresigner la ratification votée par leurs parlements respectifs, mais surtout parce que les britishs risquent bien de remettre tout en question à la prochaine occasion. Et la prochaine occasion c'est en mai prochain quand les conservateurs du sémillant David Cameron, qui ont promis à leurs électeurs de renégocier les traités européens, auront succédé aux travaillistes à bout de souffle de Gordon Brown. Hypothèse très probable si on croit les sondages effectuées dans les salons de thé du royaume.
La bonne nouvelle c’est que l’Europe devrait malgré tout conserver quelques « purgatoires » fiscaux comme l’Irlande, dont l’existence ne peut que modérer les ardeurs taxatrices des tenants d’une harmonisation fiscale généralisée genre tu le sens bien mon gros impôt ? ou je ne veux voir qu’une seule taxe carbone !…
En attendant les résultats : A votre santé les Irlandais ! Slan agàt ! comme on dit chez vous…