Ce livre est un roman, il doit se commencer à la première page est se finir à la dernière.
C’est la recommandation faite au lecteur par son auteur, Raymond Roussel, au début de son livre La Doublure (qu’on peut lire dans son intégralité, donc de la première à la dernière page sur Gallica)
Je ne vais pas suivre cette recommandation en reproduisant uniquement le début d’une nouvelle extraite de Comment j’ai écrit certains de mes livres . Cette nouvelle s’intitule Nanon.
Le repentir de la prise sur les anneaux du serpent à sonnettes s’empare de moi dès les premiers essais. J’avais empoigné le crotale à pleines mains, mais, bien que tirant de toutes mes forces, je n’obtenais aucun résultat.Je vis bien que par ce moyen je n’arriverais jamais à dégager le malheureux Sylvestre qui ne pouvait m’aider en rien, paralysé qu’il était par la terrible étreinte du reptile enroulé de bas en haut et très étroitement autour de son corps.
Je changeais de tactique et, tirant d’une poche spéciale de mon pantalon le revolver tout chargé qui ne me quittait jamais, je fis feu à bout portant dans la gueule du monstre au moment où il se retournait de mon côté pour me mordre.
L’effet fut immédiat ; un relâchement se produisit dans la crispation du crotale qui bientôt, se déroulant à demi, s’effondrait inerte sur le sol.