La conscience, voire la prise de conscience des éditeurs historiques face aux nouvelles technologies, qui commencent à n'avoir de nouveau que le fait qu'on les découvre de plus en plus, s'illustre parfaitement avec cette dernière intervention de Jason Epstein, 81 ans, qui fut éditeur en chef chez Random House, excusez du peu.
Avec l'arrivée de l'impression à la demande, notamment de l'Espresso Book Machine que sa société On Demand Books, a mise en place (voir le libraire Blackwells par exemple, à Londres), et la publication simplifiée pour les auteurs auto-édités, Jason voit une nouvelle ère.
« Nous sommes arrivés à la fin de l'ère de Gutenberg. En raison de ces nouvelles technologies, n'importe qui peut être éditeur, tout le monde peut devenir écrivain. Les filtres traditionnels sont voués à l'échec », expliquait-il à l'occasion de la mise en place d'une nouvelle de ses machines dans la Harvard Books Store de Cambridge.
Les éditeurs obsolètes ? C'est un coup dur : il ne faut pas négliger le travail éditorial réalisé sur un manuscrit, mais dans le fond, M. Epstein met le doigt sur un fait : les manuscrits envoyés par la poste, dont Pierre Assouline nous faisait hier un romantique récit (et presque poignant), pourraient bien devenir chose rare.
L'avènement de l'Espresso Book Machine, nous l'avons déjà évoquée dans nos colonnes, permet, pour un coût de 8 $, d'imprimer un livre en quelques minutes à partir d'un fichier numérique. Évidemment, si le fichier est truffé de coquilles et autres surprises, le rendu ne sera pas merveilleux - l'accord avec Google books peut donc laisser quelque peu de marbre.
Cependant, cet outil mettra à jour et exhumera des milliers de livres disparus sous le flot des âges, avec encore plus de facilité. Que l'on pense au travail de défrichage effectué par des maisons comme le Sonneur, qui publie des oeuvres anciennes, mais passées à la trappe de l'histoire, et l'on comprendra mieux encore ce qu'il est possible de réaliser pour un jeune auteur, avec l'impression à la demande.