Les Saisons de la solitude - Joseph Boyden - Traduit de l’anglais par Michel Lederer - Editions Albin Michel
Will vit près de la Baie James, à Moonsonee réserve d’indiens Cree, nous sommes dans le grand Nord, si vous voulez y aller prenez le Polar Bear Express le seul train qui fasse le voyage jusqu’au "trou du cul de l’Arctique" comme le nomme Boyden.
Will Bird est un ancien pilote de brousse, porté sur l’alcool, il est aujourd’hui plongé dans le coma à la suite d’une agression, de son monde d’ombres et de fantômes il voit défiler sa vie. Le drame de sa séparation avec sa famille, la mort de sa mère qui refusa d’apprendre la langue des blancs, son père héros de la Première guerre qui va le trahir en l’envoyant à l’école. Ses souvenirs affleurent, ceux du Grand Nord, de sa vie de trappeur mais aussi sa propre dérive, son besoin de vengeance qui l’a conduit dans ce lit d’hôpital et son besoin de rédemption.
Indiens Cree
A côté de lui, Annie sa nièce, elle ne croit pas au pouvoir des mots mais elle a une dette envers cet oncle qui l’a élevé ainsi que sa soeur. Petit à petit son récit se fait plus libre, plus sincère, elle confie à Will son amour/haine pour sa soeur Susan belle et magnifique, séduite par la vie clinquante de mannequin et aujourd’hui disparue.
Paysages de la Baie James
Les deux récits vont se croiser, se répondre, dévoiler les sentiments de chacun, les rapprocher par delà la conscience.
Le Grand Nord canadien est splendidement évoqué. En filigrane de ce roman Joseph Boyden met l’accent sur la destruction lente du peuple Cree par la maladie, l’alcool, la violence, la drogue. Les indiens tiraillés entre la modernité et la vie traditionnelle.
Si vous n'avez pas lu "Le chemin des âmes" (un billet chez Lettres Exprès ) précipitez vous et retrouvez ensuite ces Saisons de la solitude.
Poursuivre votre lecture : Un article sur les enfants Cree enlevés à leur famille sous prétexte "d'éducation"
L’auteur
Joseph Boyden écrivain canadien vit en Ontario et enseigne la littérature à la Nouvelle-Orléans, il a reçu le Giller Prize pour ce roman