Cette année, de nouveau, je vais tenter de rendre compte de la FIAC et des évènements parallèles en temps réel, autant que possible. Mais, après trop d’expositions, trop de kilomètres dans les allées, trop d’oeuvres vues, on fatigue. Donc, ce soir, au retour de la Cour Carrée du Louvre, je n’ai retenu que deux images, deux des installations les plus fortes. Je reviendrai demain ou après-demain pour mieux voir le reste, mais voici déjà les deux chocs de la soirée.
C’est une petite salle noire, d’un noir brillant, étincelant même. Le sol est fait de miroirs, les trois murs et le plafond sont couverts de plaques rectangulaires noires avec un gros rond blanc au centre. Au centre, un fauteuil fait des mêmes plaques : ce qu’on remarque d’abord, ce sont les ceintures, cinq ceintures dont on comprend aussitôt qu’elles sont là pour garrotter la tête, pour fixer bras et jambes au fauteuil. C’est alors que la vérité se fait jour : ce que nous avons sous les yeux, c’est une chaise électrique. Mais cette chaise est trop brillante, elle se fond trop dans le décor pour être honnête. Le regard se perd, ne peut se fixer. A bien y regarder, la chaise, comme les parois sont faites de boîtiers de cassettes VHS, et les ronds blancs sont les pivots de rembobinage des bandes. Les bandes justement se déversent au sol, formant un magma lumineux, brillant, comme une hydre aux cent têtes. Andy Warhol avait montré des chaises électriques. Mounir Fatmi lui rend hommage à sa manière, avec cette installation intitulée Gardons l’espoir, mêlant mort officielle et médias. C’est sur le stand de la galerie LA B.A.N.K., qui ne cesse de nous surprendre.
L’autre stand détonnant est celui de la galerie Loevenbruck, où le sol est fait de miroirs en dalles, que les pas des visiteurs brisent. S’y aventurer crée une sensation de malaise, de déséquilibre, de sacrilège. On n’ose y aller, puis on avance un pas, attentif aux craquements comme un enfant sur un lac gelé. La brisure, la destruction, ou plutôt la détérioration, deviennent partie intégrante de l’oeuvre, impliquant le spectateur. Les autres pièces reposent sur ce sol (à gauche, Drum Kit en peau de poney, par Dewar et Gicquel). Ce sol incertain se nomme Extrême marbré noir et est une oeuvre de Bruno Peinado.
Davantage bientôt.
Mounir Fatmi et Bruno Peinado étant représentés par l’ADAGP, les photos de leurs installations seront ôtées du blog au bout d’un mois. Photos de l’auteur.