Magazine Beaux Arts

Le prix Ricard (semaine FIAC 2)

Publié le 16 octobre 2007 par Marc Lenot

à l’Espace Ricard, jusqu’au 17 Novembre. Le prix sera décerné le 19 Octobre après dépouillement des votes d’une centaine d’amateurs invités.

Le commissaire de cette exposition, intitulée Dérive, est Mathieu Mercier, et il a intelligemment choisi une douzaine d’artistes (entre 35 et 47 ans), tous préoccupés par le rapport à l’espace et à la nature. Comme l’an dernier, invité à faire partie du jury, j’ai eu du mal à choisir.

J’ai d’abord éliminé les quatre oeuvres qui, quoi que j’en fasse, ne m’inspiraient pas du tout : la vidéo au dé de Julien Bouillon, le crâne sur socle de Stéphane Calais, les peintures de Régine Kolle et les jeux visuels trop faciles de Hugues Reip. Ensuite quatre autres oeuvres me plaisent, mais ne m’étonnent pas, me semblent -à tort ou à raison - trop simples, trop prévisibles : l’homme-singe de Daniel Firman, le creuset-bénitier sur bois de rennes de Vincent Beaurin, l’huître paysagère de Marc Etienne, et la forme au sol de Victor Almendra. Ensuite, j’aime bien les formes en creux de Sammy Engramer, oeufs d’autruche perforés, Nymphéas poinçonnés avec des rondelles au sol, tout ce travail sur le vide, mais le jeu de mot “pièces de Monet” me dissuade: trop facile, pas assez dense.

Reste le choix final, difficile, entre Virginie Yassef et le couple Christophe Berdaguer et Marie Péjus. La pièce de Virginie Yassef est un énorme rocher, encastré dans une paroi, massif, majestueux. Mais, grâce à pivot et ressorts, une pression du doigt le fait tourner, un passage s’ouvre, on peut traverser. J’aime cette magie, cette opposition entre lourdeur et facilité, cette approche déconcertante. J’aime moins les références confuses aux Apaches (le titre en est Passe Apache), à Cochise et à la forme d’un petit caillou ramassé à Pékin, ne sachant trop en quoi ce discours enrichit l’oeuvre.

Berdaguer et Péjus ont réalisé un véritable paysage fait de polyèdres noirs partant dans tous les sens. Dans la demi-pénombre, là où ils s’appuient au mur, on croit voir un trou, une profondeur. Au sol, une étroite cavité dans laquelle on peut se glisser, couché, et écouter les bruits de pas dans la salle voisine, comme un retour au giron maternel. Ces formes, ces angles, cette noirceur mate évoquent les bombardiers furtifs, faits de matériaux composites et invisibles au radar. On ne peut saisir la forme de l’ensemble, la voir dans toute sa complexité, c’est un volume trompeur et dépouillé, dans l’ombre duquel nous pouvons espérer protection et chaleur. Dreamland, pays de rêves, est aussi l’endroit top secret où seraient fabriqués les avions furtifs dans le Nevada. J’ai moins aimé l’écran de modélisation en 3D à côté de la pièce, qui ne me semble pas rajouter grand chose. Mais au final, c’est pour eux que j’ai voté.

C’est bien évidemment un choix tout à fait personnel et subjectif; beaucoup d’entre vous ne seront pas d’accord. J’espère simplement qu’avoir décortiqué mon processus de choix par élimination aura intéressé certains. Résultats samedi soir, au Bal Jaune.

Photos courtoisie Fondation Entreprise Ricard.


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