J’étais sur un projet difficile, on me demande, une fois encore, de travailler le week-end. J’accepte.
Le lundi en fin d’après-midi, nous sommes tous convoqués à une réunion très importante. J’aurai du m’en douter en voyant la DRH rester dans son bureau après minuit la semaine précédente. Licenciement économique, tous ceux qui avaient la même fonction que moi sont concernés. Nous devions être une quinzaine, notre poste est supprimé, en raison de nouvelles orientations stratégiques et d’un nouveau modèle économique. La sous-traitance à des prix défiants toute concurrence faisait son apparition.
Quelques postes de reclassement, dont un qui correspond mot pour mot au compte rendu de mon entretien annuel, dont l’organisation avait été précipitée le mois d’avant. On me dit qu’il m’est réservé. Cela ressemble plutôt à une promotion, une accélération de ma carrière. Un poste presque prématuré par rapport à mes 24 ans d’alors.
“Life is random.”
Je venais d’en avoir la parfaite illustration. Et je décidais de ne plus jamais accepter de travailler le week-end. Parce que je réalisais que sacrifier une partie de sa vie personnelle au profit de sa vie professionnelle ne servait à rien, qu’un manager ou un investisseur lointain pouvait, en un instant et pour des raisons vaguement économiques ou stratégiques, décider de se passer de vous. Et que si l’on mettait tout dans son travail, alors le jour où celui-ci disparait, on se retrouve désemparé, désespéré, démuni.
C’est pour cela que depuis ce jour, j’ai décidé que ma vie personnelle serait toujours plus importante que le reste.
L’équilibre est certes difficile à trouver, parce qu’il me semble nécessaire de s’investir dans son travail pour qu’il soit intéressant, et parce que la progression professionnelle en dépend directement.
Je ne m’en suis pas trop mal sorti pour l’instant.
La semaine dernière, les événements étaient différents, mais ils m’ont rappelé ce mois de janvier 2005.
Même quand tout semble aller bien, tout peut être subitement démoli.