Comment ne pas évoquer l'affaire Polanski ? En réalité, c'est très simple. En théorie. Car en pratique peu de blogueurs sont parvenus à résister à la tentation.
Pour ceux qui ne sauraient pas très bien comment s'y prendre, il suffit de se souvenir de cette scène de Chinatown où le détective (joué par Jack Nicholson) dépose une règle sur la page du registre qu'il souhaite discrètement arracher. Il procède d'un coup sec de la main en toussant de manière suffisamment sonore pour couvrir le bruit de papier déchiré.
Il n'arrache pas cette page pour occulter la vérité mais pour la découvrir...
J'ai beaucoup de peine. J'adore le cinéma. Et voilà qu'une belle figure se retrouve par terre. Si je devais retenir un film de Polanski, ce serait certainement Le Pianiste. Je n'ai jamais trop compris l'intérêt qu'on pouvait trouver au Bal des Vampires. On aimait le personnage pour ce qu'il avait traversé. Une page du registre avait disparu, un Roman remaquillé. Tout cela nous allait très bien.
L'iconoclaste Dorham nous explique que nous sommes coupables de cautionner cette usine à rêve qu'est Hollywood.
Je pressens que passer toute sa vie à regarder des dessins animés en tablant sur le fait que le monde de Marjane Satrapi est moins pourri que Mulholland Drive n'est pas une solution. Ceux qui depuis quelques jours potassent les conventions d'extradition suisses et le code juridique californien, qui jusque devant la glace de leur salle de bain lancent à leur brosse à dent un "Non bis in idem !" - nous sommes nombreux dans ce cas - savent qu'un seul mot suffit à faire échouer de tels rêves d'innocence : "Bambi !"
Je suis forcé de me ranger du côté des iconodules. Et Hermès de me répondre : "Vous êtes prêts à penser un monde sans Dieu mais pas sans images." Hop hop hop. Je lis dans le scénario que Socrate lui-même aimait le cinéma muet.
Et arrêtez d'écrire Polansky. Ca m'énerve.
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