Des tanks et des missiles, des bidasses impeccables qui défilent au pas de l’oie : c’est clair, soixantième anniversaire ou non ça ne rigole toujours pas place Tien An Men. Pas question de distribuer des cotillons au bon peuple ou d’inviter Kadhafi à y planter sa tente pour faire rire les enfants. On n’est pas à l’ONU quand même ! On fait dans le sérieux, dans le lourd pas dans la pitrerie façon longs nez inconséquents.
Et du coup Josette, Marcel et le reste du monde s’inquiètent. Que la Chine se réveille à la rigueur, mais qu’elle étale sa puissance militaire ça peut faire peur, genre tous aux abris le péril jaune est de retour !
Faudrait quand même pas que le marché de Pleurtuit soit envahi par des vendeurs de soupe aux nouilles à la sauvette. Ca serait moyen pour le business de la (vraie) galette-saucisse et en plus, question tambouille exotique, il y’a déjà tout ce qu’il faut avec le Mac Do.
« Restons Correct ! » n’a pas pour habitude de prendre la défense des cocos et surement pas celle des cocos chinois. Pour autant, s’agissant des risques de voir l’Empire du Milieu s’adonner à un expansionnisme tous azimuts façon Gengis Khan, nous ne sommes pas trop inquiets. En fait ça nous inquiète beaucoup moins que le délabrement continu des finances publiques françaises.
Nous sommes en effet persuadés que cette démonstration de chorégraphie militariste n’a pas d’autre objectif que d’impressionner le Pékinois ou le Shanghaien de « base ». C’est vital pour un régime confronté à d’énormes problèmes sociaux d’une part, à la résurgence de mouvements centrifuges, tibétains ou ouïghours notamment.
Le message que délivre le défilé est à d’abord à usage interne et sera sans doute parfaitement compris jusqu’au fin fond de la rizière la plus éloignée de la Cité Interdite : l’Etat a les moyens de veiller à l’unité nationale et à la paix civile.
La seconde raison qui justifie notre « zénitude » est que la puissance de la Chine demeure, et en toute hypothèse demeurera, très relative car la Chine n’est pas, et ne sera sans doute jamais, un pays « ouvert », capable de concevoir et de développer ces innovations scientifiques et technologiques majeures qui ont nourri l’expansionnisme occidental des derniers siècles.
De fait, depuis les inventions de la boussole, de la poudre à canon et du canard laqué, l’Empire n’a rien produit qui ait été capable de lui conférer un avantage compétitif décisif sur ses éventuels rivaux.
Ce n’est évidemment pas dû à un déficit d’intelligence mais plutôt à un conservatisme intellectuel et scientifique qui cantonne (sans jeu de mot) les Chinois à copier ou à répliquer plutôt que d’innover. C’est, aux dires des spécialistes dont nous ne sommes pas, une donnée clef de la culture chinoise qui n’encourage jamais l’individu à s’opposer au collectif, bien au contraire.
Il est bien sûr trop tôt pour écrire un Quand la Chine se rendormira, mais il est inutile de faire apprendre le mandarin à nos gosses au cas où l’armée chinoise nous rejouerait le débarquement de Normandie.
En fait, les seuls qui ont des raisons d’avoir peur de la Chine sont sans doute les Africains, dont les ressources naturelles peu exploitées attirent déjà les convoitises des fils du ciel comme un pâté impérial faisandé attire les asticots…
Message personnel à monsieur Liu, gérant de notre resto chinois favori : 2 couverts pour ce soir vers 20 heures, merci.