On ne remontera pas aux calendes grecques tant l’exercice serait fastidieux. L’affaire ne se limite pas à de simples promesses balayées d’un revers de main lorsque l’auteur se trouve en situation de responsabilité. Un grand classique théorisé par Jacques Chirac dans la formule : ” les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent”. Un exemple au hasard. En 2005, le ministre Sarkozy promet que Gaz de France ne sera jamais privatisé. Quelque mois après son arrivée à l’Elysée, GDF fusionne avec Suez, soit une privatisation de fait.
Plus fin, la fausse erreur. Fin 2008 début 2009 l’Elysée ouvre le chantier de la réforme de l’audiovisuel public. Une disposition instaure la nomination du Pdg de France Télévisions par le Président de la République en personne. Lors d’une intervention télévisée Nicolas Sarkozy explique que le nom proposé par l’Elysée part en commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale et du Sénat, et, que ce nom doit être accepté à la majorité des 3/5èmes. Totalement faux. C’est l’inverse. Le texte prévoit qu’il faut que 3/5èmes des élus votent contre pour que la proposition de nomination soit rejetée.
Autre style, le flou entretenu. Le procédé avait suscité l’indignation d’Axel Kahn quand Nicolas Sarkozy avait laissé supposer que le généticien approuvait le décret de Valérie Pécresse sur la réforme de l’université et du statut des enseignants-chercheurs. Plus récemment le locataire de l’Elysée se vantait d’avoir pratiquement vendu 36 avions Rafale lors de sa visite au Brésil. Deux jours plus tard, le ministre brésilien de la Défense corrigeait le tir en précisant que souligne le processus de sélection n’était pas encore terminé et que les négociations se poursuivaient avec deux autres concurrents.
Plus classique, les petits mensonges “entre amis”. Dernière illustration en date avec la secrétaire nationale des Verts. Cécile Duflot, a reproché dernièrement au président de la république de lui avoir menti lors leur rencontre sur le thème de la taxe carbone.
Catégorie supérieure, les contre-vérités assumées. Ainsi lors de la création du ministère de l’immigration et de l’identité nationale, Nicolas Sarkozy tente de banaliser la disposition en déclarant devant les téléspectateurs de TF1 que sur les 15 pays de l’Union européenne avant élargissement, 14 avait un ministère de l’immigration. Toujours faux. Seuls le Danemark et le Royaume Uni ont un secrétariat d’état à l’immigration.
Grave et inquiétant, le cas du mensonge dans le cadre de la fusion des Banque populaire - Caisse d’épargne. Le chef de l’Etat avait avancé que la Commission de déontologie de la fonction publique s’était prononcée sur la nomination de François Pérol, alors conseiller de l’Elysée, à la tête du futur groupe. Très grosse entorse à la vérité.
Las cette tendance à travestir la vérité ne s’est pas estompée. En déplacement à Avignon le 29 septembre le président de la république est revenu sur l’extension du RSA aux jeunes n’hésitant pas à clamer qu’il a “toujours été opposé à ces contrats jeunes” ce “qui est une conviction depuis bien longtemps”. Homme de bons services, l’ancien Premier ministre Edouard Balladur s’est fait un plaisir de rappeler que son ministre de l’époque avait pourtant été un ardent défenseur du CIP. “Il l’a pourtant défendu avec beaucoup de flamme et je lui en suis toujours reconnaissant, parce que dans les moments difficiles il a toujours été à mes côtés pour m’apporter son aide.”
On comprend mieux désormais pourquoi Nicolas Sarkozy tenait tant à décréter en 2008 la maladie d’Alzheimer.