Il incarne le renouveau contemporain de la littérature africaine, et s'est toujours appuyé sur des fictions pour dévoiler des réalités cachées, sortes de paraboles nouvelles pour raconter la vie réelle. Chinua Achebe avait publié voilà plus de 50 ans Things Fall Apart, en 1958 - paru en France en 66, Le monde s'effondre - plongeant dans les années 1800, celles du colonialisme anglais, vue par le prisme africain. Une première.
Traduit en 50 langues, vendu à 8 millions d'exemplaires et rédigé en anglais, le roman d'Achebe fit date. Aujourd'hui, âgé de 78 ans, le romancier ne change pas son fusil d'épaule : « Parfois la vérité de la fiction est plus profonde que celle du journalisme. » En fauteuil roulant depuis cet accident qui survint dans les années 90, il garde à l'esprit la force des histoires, tout à la fois nationales et personnelles.
Depuis 20 ans, il n'avait plus publié d'ouvrage.
On ne s'étonnera donc pas d'entendre parler de lui à l'occasion de la sortie prochaine de The Education of a British-Protected Child, compilation de textes anciens et récents, évoquant le Nigéria, son pays natal et son existence. « J'écris avec prudence. Moins de vitesse et plus de prudence. »
Il brosse dans ce livre, précise Reuters, un portrait des problématiques liées à l'environnement actuel du pays, l'héritage du colonialisme, qui aura laissé le Nigéria sans leader. « C'est une tentative pour combler les détails de ma vie. C'est pas l'occasion de me dresser pour raconter ma vie, mais des histoires je pourrais ne même pas apparaître, mais si vous êtes attentif, vous y rencontrerez des idées et pensées qui vous dévoileront comment la vie m'a traité. »
Un phrasé lent, une prononciation claire. Et des rires qui ponctuent ses phrases. Achebe protège cependant son expérience : dans l'ouvrage les deux textes évoquant au plus près sa famille - une de ses filles et son père - sont les plus brefs du récit.