Le 4 novembre 2005.
Messieurs les décideurs politiques.
Deux jeunes ne sont pas morts pour rien !
Vous prenez les chômeurs pour des tire au flan, vous les sommez de prendre des emplois bien en dessous de leurs compétences avec des contrats que vous nommez " contrats avenir ".
Vous parlez de nettoyer nos quartiers au care chère, vous parlez de vrais jeunes, comme si d’autres étaient de faux jeunes, vous amalgamez habitants des banlieues et racaille,
vous reprenez le terme d’un programme connu aux Etats –unis, nommé la " tolérance zéro ", qui inflige les peines les plus lourdes.
Vous amalgamez encore, les immigrés clandestins, les immigrés de l’après guerre et leurs enfants, les sans papiers, les musulmans, les Arabes et les pauvres.
Messieurs les décideurs politiques,
Nettoyez donc devant votre porte, dans vos beaux salons.
Vous saurez vous reconnaître plus facilement entre roquet (Sarkozy) et doberman
( villepint, chien de garde du président), entre cocker ( Borloo) et rois fainéants !
Messieurs les décideurs politiques,
Vous oubliez que vous êtes l’organe exécutif des volontés du peuple.
Nous sommes en démocratie.
Nous voulons le respect de l’idéal de notre société française " liberté- égalité- fraternité ".
Qu’on arrête de nous mentir et nous arrêterons de jouer avec les lois !
Qu’on nous reconnaisse en être humain, dans la dureté de la vie, et nous retrouverons notre dignité !
Qu’on ne nous prenne pas pour des sujets faisant grimper ou baisser des chiffres de notre toute puissance et nous serons créatifs !
Il faut parfois casser pour reconstruire
Messieurs les décideurs politiques,
Il n’y a pas trop de laisser aller, il y a trop de laisser pour comptes.
Quand vous faites des calculs savants de pourcentage du nombre de chômeurs, vous déshumanisez.
Lorsque des millions de personnes en France comptent à la fin du mois pour savoir ce qu’il leur reste comme euro en poche pour manger, se loger, s’éduquer ou se former, vous déshumanisez.
Lorsque vous montrez du doigt, impuissants, les violences urbaines et diminuez les crédits associatifs, vous ne faites pas votre travail de valorisation des initiatives du peuple, vous déshumanisez.
Vous vous gaussez dans vos salons, vous désirez l’un après l’autre être " calife à la place du calife " et vous semblez outré de la débâcle de la rue ?
Messieurs les décideurs politiques,
Que faut-il faire pour être écouté ? Lorsque d’une oreille sourde, les dossiers dormant dans vos tiroirs, vous ne prenez et gardez que ce que vous êtes venu chercher.
Qui a dit déjà : " si on ne te donne pas tes droits, prends-les ! " ?
On a le droit de vivre autrement. Avec plus de dignité, plus de respect.
On se doit de vivre avec plus de solidarité.
Vous, messieurs les décideurs politiques, vous êtes représentants, et non pas décideurs d’un modèle de société.
Je n’irai pas brûler les voitures, mais volontiers j’aurais déversé mes poubelles devant la Mairie de Neuilly ou devant une certaine maison de Saint- Cloud ; afin que les plus secs et froids des hommes de France se trempent un peu les mains dans la merde ? Je ne le ferai pas non plus. Ceux la ne se baissent pas pour ramasser la merde qu’ils ont étalée, ils la font ramasser par d’autres !
Oui, certains brûlent leurs propres structures qui les étouffent, Oui ils cassent le bien privé, public. Et je peux les comprendre.
Ce ne sont pas les faux jeunes de banlieues qui ont créé les zones de non droit. Tout le monde le sait. Ce n’est que la façade d’une mafia à laquelle vous participez au premier plan, pour la prise de pouvoir et l’absolution de vos convictions. Que le meilleur gagne !
Vous n’écoutez pas le peuple…Et vous voulez réprimer la violence d’une expression à laquelle vous restez sourds.
Vous voulez arrêter que ça flambe, alors reconnaissez la dureté de certaines vies et excusez-vous de les avoir oubliés dans vos mots et vos actes.
Vous voulez arrêter que ça flambe, alors baissez les armes, et permettez-nous d’exister à Marseille, en Corse, en Bretagne, en Guyane, dans les banlieues des grandes villes, et même dans vos salons !
Vous voulez arrêtez que ça flambe, alors soyez nos représentants, pas nos dominants !
Un temps peut-être nouveau d’une démocratie participative, l’enfantement n’est pas sans douleur..
Liberté- Egalité- Fraternité, j’y croyais, enfant, aujourd’hui je pense à ces deux jeunes qui ne sont pas morts pour rien !
Catherine Lormant, animatrice socioculturelle.