David Foenkinos, qui s’en souvient ? Qui aurait cru qu’il fut nécessaire de se poser la question après Le potentiel érotique de ma femme? L’auteur, semble-t-il.
Après le roman non-autobiographique, nous voilà dans l’auto-fiction :
Les années s’accumulent plus vite que les livres, l’inspiration devient un feu follet inaccessible, et l’écrivain, lui, devient dépressif. Si la dépression avait des nuances romanesques, celle-ci serait faite d’autodérision désabusée et de désespoir lymphatique. A plus de quarante, le David Foenkinos de ce roman n’est plus qu’une caricature vidée de lui-même, tentant de s’accrocher à ce qu’il n’est plus. Et surtout à cette Idée, celle, lumineuse, qui le frappe dans le train Genève-Paris au contact d’une inconnue et fait renaître en lui l’espoir de la création.
Mais… aussi subitement que sa révélation, surgit sa disparition. L’idée perdue s’est transformée en fantasme. Persuadé qu’il finira par la retrouver, l’écrivain empire la situation, dramatique déjà, de sa vie conjugale. Entre nostalgie et résolution, il faut bien admettre la fin.
Admettre cet étrange flottement d’une existence qu’on croyait autrefois crescendo flamboyant. Admettre que séduire les femmes est devenu plus délicat, admettre le regret et le regard des autres, admettre le silence, admettre la dépendance, admettre cette forme d’échec indéniable… mais toujours espérer et chercher.
De l’ironie bienveillante à l’amertume courtoisement drôle ; des formules pertinentes aux idées tendres, amusantes ou tragiques : l’auteur s’est clairement mangé à sa propre sauce. Un roman fragile mais souriant, qui démontre que David Foenkinos a encore bien des choses à dire et à raconter… (on l’espère !)